Au moins 87 personnes, en majorité des civils, ont péri dans des violences lundi en Syrie, où l'armée bombardait plusieurs bastions rebelles et combattait des insurgés faisant montre d'une résistance farouche, a indiqué une ONG syrienne.
Bombardements incessants
Au lendemain d'une journée de violences durant laquelle 63 personnes ont péri, la répression de la révolte qui entre cette semaine dans son 16e mois et les combats entre soldats et insurgés ont coûté la vie à au moins 49 civils, 23 soldats et sept rebelles ont péri, a précisé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
L'armée a bombardé à l'artillerie lourde la ville de Rastane dans la province de Homs (centre), la région de Heffa dans la province de Lattaquié (nord-ouest), des secteurs de la province d'Idleb (nord-ouest) et la localité d'Al-Achara dans la province de Deir Ezzor (est), défendus farouchement par les rebelles et dont elle tente de reprendre le contrôle, a précisé l'ONG.
Les combats se sont intensifiés ces derniers jours dans plusieurs villes du pays, notamment dans Damas, l'Armée syrienne libre (ASL), formée principalement de militaires dissidents, faisant subir des pertes de plus en plus lourdes aux troupes du régime.
Plus de 14'000 morts
Plus de 14’100 personnes ont péri depuis le début de la révolte déclenchée le 15 mars 2011 par des manifestations pacifiques mais qui s'est militarisée face à la répression, selon l'OSDH.
Le plan de sortie de crise de l'émissaire international Kofi Annan est resté lettre morte et les grandes puissances restent divisées sur les moyens de régler la crise, l'Occident réclamant des sanctions et un départ de Bachar al-Assad alors que Russes et Chinois rejettent toute ingérence dans le pays (lire ci-contre).
afp/bkel
Pas de consensus diplomatique
Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov se rend mercredi en Iran pour discuter notamment du dossier syrien. Téhéran est le principal allié de Damas dans la région et a été accusé de lui fournir armes et expertise pour la répression. La Russie a proposé la tenue d'une conférence internationale sur la Syrie pour tenter de sauver le plan Annan, incluant l'Iran mais les Occidentaux ont exprimé de profondes réserves.
A Paris, le ministère des Affaires étrangères a affirmé que la France aurait "cette semaine de nouveaux contacts avec la Russie" sur cette conférence et qu'elle se concertait avec ses partenaires" sur l'application du plan Annan "dans la perspective d'une transition démocratique" en Syrie. La France doit accueillir le 6 juillet une nouvelle réunion du Groupe des amis de la Syrie, qui n'inclut pas l'Iran et à laquelle la Russie et la Chine n'ont jamais participé.
Entretemps, Washington, Paris et Londres préparent un projet de résolution au Conseil de sécurité incluant une menace de sanctions, ont indiqué des diplomates le 8 juin. Des discussions sur ce projet doivent avoir lieu cette semaine mais il n'y aura pas de vote avant le G20 du Mexique les 18 et 19 juin. Cependant, cette résolution risque d'être bloquée comme dans le passé par Pékin et Moscou. Les Etats-Unis et l'Union européenne imposent déjà des sanctions unilatérales à Damas.
Pour sa part, Kofi Annan, l'émissaire spécial de l'ONU et de la Ligue Arabe pour la Syrie, s'est dit lundi "gravement préoccupé" par l'escalade des combats et le nombre important de civils pris au piège dans les villes où ils se déroulent, selon un communiqué diffusé à Genève.
Israël craint des attaques chimiques
Le chef d'état-major adjoint israélien, le général Yaïr Naveh, a affirmé lundi que la Syrie disposait du "plus important arsenal d'armes chimiques du monde", soulignant le risque qu'elles soient utilisées contre Israël.
Selon des experts militaires israéliens, la Syrie s'est lancée depuis 40 ans dans la production de gaz de type sarin, VX, ainsi que de gaz moutarde, qui peuvent être utilisés avec des missiles.
Au début du mois, le commandant de la région militaire nord, le général Yaïr Golan, avait affirmé qu'Israël devait examiner la possibilité d'attaquer d'éventuels convois qui transporteraient des armes sophistiquées au cas où ils seraient repérés à temps par l'armée israélienne.
Le 5 juin, le chef d'état-major, le général Benny Gantz, s'était déclaré inquiet de l'instabilité croissante sur le plateau syrien du Golan provoquée par l'affaiblissement du régime de Damas.
Israël est officiellement en état de guerre avec la Syrie. Malgré l'occupation et l'annexion par Israël du plateau syrien du Golan, une décision non reconnue par la communauté internationale, la frontière entre les deux pays n'a connu aucun incident notable depuis la fin de la guerre israélo-arabe en octobre 1973.