La chef de file de l'opposition birmane Aung San Suu Kyi a quitté Rangoun mercredi matin pour une tournée historique en Europe, où elle doit notamment prononcer enfin son discours de lauréate du prix Nobel de la paix. "Je voudrais faire de mon mieux dans l'intérêt de la population" birmane lors de ce voyage, a-t-elle déclaré avant le décollage.
La "Dame", qui aura 67 ans le 19 juin, donnera sa "conférence Nobel" à Oslo samedi, 21 ans après avoir reçu la distinction qui l'a fait basculer dans une dimension politique planétaire.
Atterrissage à Genève
Elle doit atterrir mercredi soir à Genève, où elle exposera aux Nations unies le problème du travail forcé. Lors de ce déplacement de quinze jours, elle doit également se rendre en Grande-Bretagne, où elle a fait ses études et fondé sa famille, et Dublin, avant de conclure par Paris.
Depuis son retour en Birmanie en 1988 et jusqu'à il y a quelques semaines, Aung San Suu Kyi était demeurée soit en résidence surveillée, soit suffisamment en conflit avec la junte pour ne jamais oser quitter le pays de peur d'être contrainte à l'exil.
Libre depuis fin 2010, députée depuis avril, elle jouit aujourd'hui d'un tout autre statut. Elle avait choisi la Thaïlande il y a deux semaines pour son premier voyage à l'étranger depuis 24 ans et avait réservé son premier discours à ses compatriotes, des travailleurs immigrés birmans d'une province au sud de Bangkok.
afp/pym
Violences ethniques au pays
L'ouest de la Birmanie est touché depuis plusieurs jours par des violences meurtrières entre communautés musulmane et bouddhiste
Après le lynchage de dix musulmans le 3 juin dans le sud de l'Etat Rakhine, par une foule de bouddhistes en colère qui voulait venger le viol d'une femme, des violences avaient éclaté vendredi à Maungdaw, ville peuplée en majorité par la minorité musulmane.
Les affrontements, qui se sont propagés ont fait environ 25 morts et 41 blessés selon le gouvernement birman. Quelque 1.600 maisons auraient été brûlées et des milliers de personnes déplacées.
L'ONU a évacué une partie de son personnel des zones affectées par les affrontements et Médecins sans Frontières, une des seules organisations travaillant dans la région, a annoncé la suspension de ses activités.