L'ex-président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali a été condamné mercredi par contumace à deux peines: 20 ans de prison pour incitation à la violence à Ouardanine, puis à la perpétuité pour son rôle dans la répression à Thala et Kasserine.
Le premier verdict, énoncé par le tribunal militaire de Tunis contre Ben Ali a été rendu à l'aube dans l'affaire dite de Ouardanine, relative à la mort de quatre jeunes tués par balles durant les violences qui ont secoué cette ville du Sahel tunisien (est) à la mi-janvier 2011.
Dans la nuit du 15 au 16 janvier 2011, au lendemain de la fuite de Ben Ali en Arabie saoudite, quatre manifestants avaient été tués en tentant de s'opposer à la fuite de Kaïs Ben Ali, le neveu du président déchu, qui finalement a été arrêté le 14 mars à Sousse.
Une quinzaine de membres des forces de sécurité étaient également poursuivis dans ce dossier, et des peines de cinq à dix ans de prison ont été prononcées par le tribunal militaire. Certains des accusés sont actuellement toujours en fuite. La justice tunisienne a aussi accordé des indemnités aux familles des victimes comprises entre 150'000 et 200'000 dinars (entre 90'000 et 120'000 francs).
Condamné à la perpétuité
Zine el-Abidine Ben Ali a été également condamné mercredi soir à la perpétuité pour son rôle à Thala et Kasserine, deux villes du centre emblématiques de la révolution tunisienne du printemps 2011. Il était poursuivi pour la mort de 22 personnes, tuées entre le 8 et le 12 janvier 2011 au plus fort de la répression du soulèvement.
L'affaire, une des plus douloureuses liées à "la révolution du jasmin", était jugée depuis six mois devant le tribunal militaire du Kef, à 170 km à l'ouest de Tunis.
Parmi les autres accusés, l'ex-ministre tunisien de l'Intérieur Rafik Belhaj Kacem a été condamné à douze ans de réclusion. En revanche, l'ancien chef de la garde présidentielle Ali Seriati a bénéficié d'un non-lieu.
agences/lan
Déjà 66 ans de prison dans le civil
L'ex-président Ben Ali a déjà cumulé auprès de tribunaux civils des condamnations à 66 ans de prison, notamment pour détournements de fonds, trafic de drogue et abus de biens publics.
Il fait l'objet avec son épouse Leïla Trabelsi d'un mandat d'arrêt international, mais l'Arabie saoudite n'a jamais jusqu'à présent répondu aux demandes d'extradition tunisiennes.
Un mort lors des affrontements
Alors que le pays règle ses compte avec son passé, les heurts qui ont débuté lundi entre salafistes et forces de l'ordre à Sousse ont provoqué mercredi la mort d'un homme de 22 ans.
Il a succombé à ses blessures après avoir été atteint d'une balle dans la tête.
Sousse fait partie depuis mardi soir des gouvernorats sous couvre-feu. La région, comme Tunis, est au coeur des violences après des protestations contre une exposition d'art jugée offensante pour l'islam.