Le Parti socialiste (PS) et ses proches alliés (radicaux de gauche et divers gauche, sans compter les Verts) ont remporté une majorité absolue de 314 sièges sur 577 lors des législatives françaises, selon des résultats définitifs du ministère de l'Intérieur. Le PS pourra donc se passer du soutien des écologistes d'EELV (17 sièges) et du Front de gauche (10 sièges). Les 19 ministres du gouvernement en lice ont par ailleurs tous été élus ou réélus.
L'UMP a recueilli 194 sièges, le Nouveau centre et les divers centristes 14, les divers droite 15 et les radicaux 6, soit un total de 229 pour la droite. L'extrême droite en a trois, dont deux pour le FN, et le MoDem deux, lors de ce scrutin au taux d'abstention record (autour de 44%).
Près d'un mois et demi après avoir battu Nicolas Sarkozy et ramené la gauche à l'Elysée après 17 ans d'absence, François Hollande aura donc les mains libres pour appliquer son programme, de la réforme fiscale à la promesse d'un redressement industriel. Cette majorité absolue le dispense surtout de devoir composer avec le Front de gauche (gauche radicale) aux positions éloignées sur l'Europe et l'économie.
Tous les membres du gouvernement de Jean-Marc Ayrault ont été élus ou réélus. Parmi les menacés, Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture, et Marie-Arlette Carlotti, ministre déléguées aux Personnes handicapées, ont finalement passé l'épaule.
Ségolène Royal et François Bayrou battus
Ségolène Royal a en revanche été battue dans la 1ère circonscription de Charente-Maritime par le socialiste Olivier Falorni. L'ancienne candidate socialiste à la présidentielle a reconnu sa défaite, en dénonçant une "trahison" et en considérant qu'Olivier Falorni avait été élu avec 75% des suffrages de droite. Ségolène Royal aurait obtenu 37,03% des voix contre 62,97% à son adversaire. Autre figure socialiste battue, l'ancien ministre de la Culture de François Mitterrand Jack Lang n'a pas été élu dans les Vosges.
Par ailleurs, le candidat centriste François Bayrou a également été battu dans sa circonscription des Pyrénées-Atlantique tout comme Claude Guéant, ancien ministre de l'Intérieur de Nicolas Sarkozy, dans les Hauts-de-Seine.
Le Pen: Marine non, Marion oui
Marine Le Pen a également été battue de justesse (118 voix) par Philippe Kemel à Henin-Beaumont. Après avoir demandé dimanche de recompter les bulletins, la présidente du Front national a réaffirmé cette volonté lundi matin se disant "étonnée que la préfecture n'ait pas accepté de recomptage parce que la différence est vraiment dérisoire".
De son côté, Marion Maréchal-Le Pen, petite-fille de l'ancien leader du Front national Jean-Marie Le Pen, a été élue dans le Vaucluse. A 22 ans, c'est la plus jeune élue à l'Assemblée nationale de tous les temps.
L'abstention atteindrait le taux record de 44%, selon plusieurs estimations réalisées par des instituts de sondage. La participation finale après la fermeture de tous les bureaux de vote à 20h00 serait environ de 56%, soit quatre points de moins que la participation de 60,3% enregistrée aux législatives de 2007, année où un record avait été établi avec 39,7% d'abstention, selon des sondages de CSA, IPSOS et TNS SOFRES.
vtom, avec les agences
Principales réactions
Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault s'est félicité que les engagements de François Hollande puissent être "mis en oeuvre", grâce à la nouvelle majorité socialiste à l'Assemblée nationale. Le chef du gouvernement a précisé qu'un remaniement ministériel aurait lieu dès cette semaine.
La Première secrétaire du PS Martine Aubry s'est réjouie du résultat des élections législatives. "Les Français ont amplifié la demande de changement qui était déjà apparue la semaine dernière. Je voudrais remercier les Français de cette confiance. Elle nous oblige et elle nous honore. C'est pour nous maintenant un devoir de réussir ce redressement dans la justice".
"La majorité absolue, ça ne signifie pas le pouvoir absolu dans une démocratie qui fonctionne", a noté la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem, en promettant une gouvernance "respectueuse" du Parlement, des corps intermédiaires et des citoyens.
Le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, s'est dit "déçu" du résultat de son parti, qui est entré dimanche soir dans l'opposition à l'Assemblée nationale après sa défaite face à la gauche aux élections législatives.
La présidente du Front national Marine Le Pen s'est félicitée dimanche soir du retour du "mouvement national" à l'Assemblée, avec l'élection d'au moins deux députés, jugeant qu'une "recomposition de la vie politique est en marche"
Claudine Schmid élue en Suisse
Les Français de Suisse et du Liechtenstein ont choisi une représentante de la droite pour faire entendre leur voix à l'Assemblée nationale. En obtenant 57,5% des suffrages, l'UMP Claudine Schmid a battu la socialiste Nicole Castioni, selon les résultats officiels provisoires publiés lundi par le Quai d'Orsay.
Les expatriés auront pour la première fois des représentants à l'Assemblée nationale.
Au premier tour, la candidate de l'UMP était arrivée en tête du scrutin dans la circonscription Suisse/Liechtenstein avec 34,2 % des suffrages exprimés, contre 27,1 % pour sa rivale socialiste.
L'étape suivante: la présidence
Les députés Claude Bartolone, Elisabeth Guigou et Jean Glavany se sont portés candidats lundi à la présidence de l'Assemblée nationale, à laquelle était pressentie la candidate malheureuse des législatives Ségolène Royal.
L'exécutif souhaite qu'une femme occupe ce poste, ce qui serait une première dans l'histoire de la République.
Le siège est promis à la gauche. Le groupe socialiste se prononcera jeudi. L'élection aura lieu le 26 juin.