Le candidat des Frères musulmans Mohammed Morsi a revendiqué lundi sa victoire à l'élection présidentielle. Son camp dit qu'il a obtenu 52% des voix contre 48% pour M.Chafiq, un chiffre non encore officiel mais cité par la télévision d'Etat.
Le camp de son rival Ahmad Chafiq, dernier Premier ministre de Hosni Moubarak, a aussi assuré qu'il était en tête. Cet ancien général, considéré comme le candidat de l'armée, a accusé les islamistes de chercher à "voler" la présidence. Selon lui, il a obtenu 51 à 52% des voix sur la base de chiffres provisoires.
Le site internet du quotidien gouvernemental al-Ahram donnait pour sa part une courte avance de 51% au candidat des Frères musulmans.
La victoire de M.Morsi, si elle est confirmée, porterait pour la première fois un islamiste à la tête du pays le plus peuplé du monde arabe, avec près de 82 millions d'habitants. Mohammed Morsi a promis de "servir tous les Egyptiens" quelle que soit leur obédience politique ou religieuse.
Résultats jeudi
Les résultats du scrutin, qui s'est achevé dimanche soir, doivent être annoncés jeudi par la Commission électorale.
Le futur président, quel qu'il soit, disposera d'une marge de manoeuvre très réduite face aux militaires qui continuent de diriger le pays depuis le départ de M.Moubarak (lire encadré).
Ces tensions et incertitudes politiques ont pesé sur la Bourse du Caire, qui a perdu 3,42% en clôture lundi.
ats/afp/vtom
Les militaires promettent de rendre le pouvoir
Les militaires ont réaffirmé lundi leur engagement à transmettre d'ici fin juin au président élu dimanche le pouvoir, qu'ils ont pris en février 2011.
Le prochain président pourra nommer et récuser le gouvernement, et les militaires n'entendent pas lui disputer ses prérogatives, a promis le Conseil suprême des forces armées (CSFA). Une "grande cérémonie" est prévue pour marquer la passation de pouvoirs.
En même temps, le CSFA a récupéré le pouvoir législatif, après avoir dissous la chambre des députés (dominée par les Frères musulmans) samedi en application d'un arrêt de la Haute cour constitutionnelle pour un vice juridique dans la loi électorale.
L'armée a promis qu'elle exercerait le pouvoir législatif jusqu'à l'élection d'une nouvelle Assemblée du peuple. Celle-ci pourrait avoir lieu vers la fin de l'année, mais pas avant l'adoption d'une nouvelle Constitution, pour laquelle le CSFA s'est accordé un droit de veto sur tout article qu'il estimerait "contraire aux intérêts suprêmes du pays".
Ces nouvelles dispositions ont été vivement contestées par les Frères musulmans et les partis de la mouvance révolutionnaire qui les ont assimilées à "un coup d'Etat".
L'armée contrôle aussi d'autres verrous institutionnels au nom de "l'équilibre des pouvoirs".
La communauté internationale s'inquiète
L'Union européenne a salué lundi "l'étape majeure" de l'élection présidentielle en Egypte mais a appelé au respect de la transition démocratique. La situation institutionnelle et légale devait être "clarifiée le plus vite possible", a indiqué Maja Kocijancic, porte-parole de la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton. "Une chose est claire, la transition démocratique ne doit pas être remise en question", a-t-elle martelé.
Le Pentagone s'est dit lundi "profondément inquiet" par les vastes prérogatives, dont le pouvoir législatif, que s'est attribuée dimanche soir la junte militaire en Egypte peu après la fin du vote pour la présidentielle.