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Nouvel appel de Kofi Annan à accroître les pressions sur la Syrie

Kofi Annan s'active pour mobiliser la communauté internationale sur la Syrie. [Martial Trezzini]
Kofi Annan s'active pour mobiliser la communauté internationale. - [Martial Trezzini]
L'émissaire spécial de l'ONU et de la Ligue arabe Kofi Annan a appelé vendredi la communauté internationale à accroître les pressions pour l'arrêt des violences en Syrie. Parallèlement, un avion de chasse turc aurait été abattu près des côtes syriennes.

"Il faut accroître les pressions sur les belligérants sur le terrain pour qu'ils mettent un terme aux tueries et commencent à parler", a déclaré l'ex-secrétaire général de l'ONU. "Plus nous attendrons, plus sombre sera la situation", a-t-il souligné. "Des consultations doivent avoir lieu d'urgence pour obtenir des résultats. Autrement, il sera trop tard pour éviter que la crise échappe à tout contrôle", a affirmé Kofi Annan.

Possible conférence à Genève

Il a précisé avoir eu des consultations intensives ces derniers jours. Si la conférence de Genève le 30 juin a bel et bien lieu, les détails seront connus la semaine prochaine, a indiqué Kofi Annan, en ajoutant que la composition des membres de la réunion reste en discussion à ce stade. La conférence de Genève devrait réunir les cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Etats-Unis, Russie, Chine, France et Grande-Bretagne) et les pays de la région.

Kofi Annan s'est prononcé en faveur de la participation de l'Iran à la conférence. "La communauté internationale doit agir d'une seule voix pour faire appliquer le plan en six points et les pays ne doivent pas se concurrencer les uns les autres par des initiatives sur le plan national", a souligné l'ex-secrétaire général de l'ONU.

La Russie demande "beaucoup plus" d'efforts

De son côté, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a annoncé vendredi avoir signifié à son homologue syrien que Damas devait faire "beaucoup plus" d'efforts pour mettre en oeuvre le plan Annan, au cours d'une rencontre en marge du Forum économique de Saint-Pétersbourg.

"Notre vision de la conférence internationale sur la Syrie (prévue pour le 30 juin à Genève, ndlr) comporte un point essentiel selon lequel et les forces gouvernementales, et l'opposition armée doivent sortir des villes et des autres agglomérations simultanément et sous le contrôle des observateurs internationaux", a déclaré Sergueï Lavrov à la chaîne de télévision Rossia 24.

La Russie, principal allié de la Syrie, a bloqué avec la Chine toute condamnation au Conseil de sécurité de l'ONU de la répression en Syrie, arguant que l'opposition avait elle aussi sa part de responsabilité.

agences/bkel

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Journée sanglante

Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté vendredi en Syrie, notamment dans la province rebelle d'Idleb (nord-ouest), pour réclamer une nouvelle fois la chute du régime qui poursuit sa guerre sans merci contre la contestation pacifique et les rebelles armés qu'il assimile à des "terroristes".

Dans la région d'Alep, à Darat Ezzat, au moins 25 personnes ont été tuées par balles et mutilées par "des groupes terroristes armés", selon la télévision officielle, qualifiant l'acte de "crime barbare". Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), il s'agit de partisans du régime syrien qui ont été tués dans une embuscade. Toujours dans la région d'Alep, deux membres des forces de sécurité ont été tués dans une attaque rebelle.

Neuf civils, dont un enfant, ont par ailleurs été tués par des tirs sur des manifestations dans la région d'Alep, deuxième ville du pays, selon l'OSDH. Huit autres civils, dont deux enfants, ont également péri dans des violences, dont un à Damas, notamment dans des bombardements et des tirs des troupes du régime à Deraa (sud) et Idleb et près de la capitale.

La Syrie aurait abattu un avion turc

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a tenu une réunion de crise au sommet après la disparition vendredi d'un avion de chasse turc près de la Syrie, abattu selon la presse turque par les forces syriennes.
Objectif: élucider les circonstances de la chute de l'appareil, un avion d'attaque F-4, au large des côtes syriennes, et discuter de la réponse à y apporter.

"Je ne peux pas dire que notre avion a été abattu. Parce qu'il n'est pas possible à ce stade de dire cela avant d'avoir en main des renseignements catégoriques", a déclaré le Premier ministre en réponse à une question. Interrogé sur des excuses de Damas, il s'est pareillement abstenu de répondre par manque de "renseignements catégoriques".

Le Premier ministre turc a toutefois indiqué que l'avion s'était abîmé en mer à huit milles nautiques (15 km) au large de la ville syrienne de Lattaquié. Il a précisé que la Turquie menait des recherches avec quatre navires et des hélicoptères, et que la Syrie faisait de même.

Après avoir entretenu de bonnes relations politiques et économiques avec la Syrie, la Turquie, pays musulman membre de l'Otan et allié de Washington, a coupé les ponts avec le régime de Bachar al-Assad, à la suite de la répression sanglante des manifestations antigouvernementales dans ce pays.

Inflation galopante

Quinze mois de violences meurtrières et une série de sanctions internationales ont poussé l'inflation en Syrie à des niveaux sans précédent sans que le gouvernement réussisse à la maîtriser.

Selon les économistes, l'inflation galopante est d'abord due à la dépréciation de 50% de la livre syrienne par rapport au dollar, qui a porté un coup très dur au pouvoir d'achat des Syriens. A cela s'ajoute une hausse des tarifs douaniers de 40 à 80% sur 39 produits, entraînant une baisse de la production et des investissements, la majorité des matières premières étant importée.

En outre, "l'insécurité dans plusieurs régions a perturbé les réseaux de distribution et de production", explique Jihad Yazigi, directeur du bulletin économique The Syria Report.

Selon le bureau central des statistiques, l'inflation a grimpé de 31,4% en avril dernier par rapport à avril 2011. Et d'après un rapport de la Banque centrale sur l'inflation, celle-ci a atteint 22,5% pour les trois premiers mois de 2012 contre 4,6% pour la même période l'année dernière.