Suivie de près de la bande de Gaza jusqu'au Golfe, la victoire de Mohamed Morsi sur l'ancien général Ahmed Chafik a été interprétée comme un événement historique aux conséquences importantes débordant au-delà des frontières de la seule Egypte.
"La nation égyptienne n'a pas élu un président pour la seule Egypte, mais pour les pays arabes et musulmans aussi", a estimé Faouzi Barhoum, porte-parole du Hamas au pouvoir dans la bande de Gaza. Dans la région, certains espèrent que Morsi mettra peut-être fin à la coopération du Caire au blocus israélien du territoire côtier.
"Mohamed Morsi est président d'Egypte, Dieu soit loué!", a déclaré Mohamed al Kahtani, cofondateur de la Fédération saoudienne des droits civiques et politiques (ACPRA), une organisation qui milite en faveur de la démocratisation.
Silence dans le Golfe
Dans l'ensemble des pays arabes du Golfe, les réactions sont en revanche prudentes. Aux Emirates arabes unis, l'agence de presse WAM a écrit que le gouvernement émirati respectait "le choix des Egyptiens dans le contexte de sa marche vers la démocratie".
En Arabie saoudite, premier producteur mondial de pétrole, les autorités sont restées silencieuses après l'annonce de la victoire de Morsi. Les relations entre Frères musulmans et pouvoir saoudien ne sont pas bonnes, nombre de responsables saoudiens accusant la confrérie de soutenir des revendications de changements politiques au sein du royaume.
L'agence de presse officielle de Bahreïn a rapporté que le roi Hamad avait félicité Mohamed Morsi, saluant un "climat de liberté et de démocratie" en Egypte, tandis que le ministre jordanien de l'information, Samih al Maaïtah, a dit son espoir de voir le nouvel élu garantir la stabilité de son pays.
Espoir pour les rebelles syriens
Le président russe Vladimir Poutine a félicité Mohamed Morsi et a souhaité une coopération "constructive" avec l'Egypte, a indiqué lundi le Kremlin dans un communiqué. La Russie était restée très en retrait l'année dernière lors des révolutions arabes dont celle qui a entraîné la chute du régime égyptien, dénonçant des "ingérences" occidentales comme elle continue de le faire dans la crise syrienne.
La Turquie a pour sa part estimé que la victoire de Morsi reflétait la volonté du peuple égyptien, mais a souligné qu'il lui restait à faire ses preuves. "Des tests importants attendent le nouveau président qui conduira le peuple égyptien vers la démocratie libre et pluraliste qu'il mérite", a déclaré le ministère turc des affaires étrangères à Ankara.
A Téhéran, le chef de la diplomatie iranienne a félicité le peuple égyptien pour avoir choisi comme président Morsi, une victoire où Téhéran voit l'une des dernières étapes du "Réveil islamique".
Le Conseil national syrien (CNS, qui représente l'opposition en Syrie) a lui estimé que la victoire de Morsi est "une source d'espoir pour le peuple rebelle syrien".
agences/mre
Les quotidiens israéliens s'inquiètent
Les quotidiens israéliens s'inquiétaient unanimement lundi de la nouvelle donne dans la région après la victoire de Mohamed Morsi.
"Ténèbres en Egypte", titre le Yédiot Aharonot, principal quotidien populaire, en allusion à l'une des dix plaies rapportées dans la Bible.
"Dangereuse victoire", insiste l'éditorialiste Semadar Perry en rappelant que Mohamed Morsi a jadis dirigé un comité préconisant "la guerre contre l'entreprise sioniste" et que le Hamas palestinien fait partie de la mouvance des Frères musulmans.
"La crainte est devenue réalité: les Frères musulmans sont au pouvoir en Egypte", titre le quotidien Maariv (centre-droit) en assurant: "Le traité de paix est mis en doute".
Le journal Haaretz (gauche) consacre lui aussi sa première page à "l'inquiétude" que suscite en Israël le président islamiste en Egypte. Cependant, Haaretz cite un responsable israélien selon lequel le gouvernement de Benjamin Netanyahu "espère en privé" que Mohamed Morsi va estimer "qu'il est primordial pour l'Egypte de rétablir son économie défaillante, plutôt que de revenir sur ses liens bilatéraux".