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Le bilan des 12 années de Jakob Kellenberger à la tête du CICR

Jakob Kellenberger quittera le Comité International de la Croix Rouge à la fin de la semaine pour céder sa place à Peter Maurer, ex-secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères
Jakob Kellenberger quittera le Comité International de la Croix Rouge à la fin de la semaine pour céder sa place à Peter Maurer, ex-secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères / 19h30 / 1 min. / le 25 juin 2012
Après 12 ans et 3 mandats à la tête du CICR, Jakob Kellenberger a choisi de tirer sa révérence. Retour sur les grandes étapes et le bilan de la présidence de l'Appenzellois.

Le mandat: Jakob Kellenberger a accédé à la présidence du Comité international de la Croix-Rouge le 1er janvier 2000. L'Appenzellois, qui aura 68 ans en octobre, a mené au total trois mandats à la tête de l'organisation. Il abandonne officiellement son poste le 1er juillet 2012.

Le portrait: après des études de Lettres et une thèse sur la littérature espagnole à l'Université de Zurich, Jakob Kellenberger a entamé une carrière diplomatique suisse en 1974 avec divers mandat à Londres, Madrid et Bruxelles.  De 1984 à 1992, il est chargé par Berne des relations avec l'Europe, puis il est secrétaire d'Etat aux affaires étrangères de 1992 à 1999. L'Appenzellois, par ailleurs père de deux enfants, enseigne aussi à l'Ecole polytechnique de Zurich.

L'évolution 2000-2012: de l'avis général, Jakob Kellenberger a contribué au renforcement du CICR sur la scène internationale. De 2000 à 2012, le nombre d'employés a passé de 9000 à 12'500, qui sont actifs dans 80 pays. Les dépenses ont elles grimpé de 750 millions à plus d'un milliard de francs. La situation financière est saine: le déficit de 2010 a été une exception et 2011 a été bouclée sur un excédent.

Malgré les crises inattendues, le budget de 1,15 milliard de francs correspond à celui de 2011. [KEYSTONE - Martial Trezzini]
Malgré les crises inattendues, le budget de 1,15 milliard de francs correspond à celui de 2011. [KEYSTONE - Martial Trezzini]

Le 11 septembre:

les attentats aux Etats-Unis ont constitué le premier tournant dans la présidence de Jakob Kellenberger, la gestion de l'humanitaire ayant fortement changé après les attaques. Confronté à la volonté de l'ex-président américain George W.Bush de remettre en cause certains aspects du droit international dans la lutte contre le terrorisme, l'ex-diplomate suisse a su habilement manoeuvrer. Alors que les Etats-Unis couvrent 25% du budget de l'organisation, Jakob Kellenberger a dénoncé à plusieurs reprises les détentions sans jugement à Guantanamo et Bagram et les bombardements en Irak. Et la pertinence du droit humanitaire s'est trouvée renforcée.

La Somalie: depuis 12 ans, la Somalie a toujours constitué le premier point d'intervention du CICR. L'organisation a même dû doubler son budget dans cet Etat en 2011, où les zones de conflits ont encore aggravé l'insécurité alimentaire En termes de budget, le CICR alloue plus de 92 millions de francs à la Somalie, près de 10% du total mondial. Les deux autres pays qui accaparent le plus d'argent sont l'Afghanistan (84 millions) et l'Irak (64 millions).

Le printemps arabe: la gestion des rébellions arabes a constitué le point fort de la fin de la présidence Kellenberger. Le CICR a fréquemment été la seule organisation engagée dans certaines zones de conflit, comme c'est le cas aujourd'hui en Syrie. Depuis plusieurs jours, le CICR et le Croissant-Rouge préparent l'évacuation des blessés et des civils bloqués dans la ville syrienne de Homs, mais peinent toujours à entrer dans la ville.

La phrase: "J'ai vu trop souvent des civils être visés, victimes du manque de volonté de faire la distinction entre les civils et les combattants." (Jakob Kellenberger, 25 juin 2012).

Le successeur:  Jakob Kellenberger cède sa présidence dès le 1er juillet à Peter Maurer, désigné le 19 octobre par l'assemblée du CICR pour un mandat de 4 ans renouvelable. Peter Maurer était jusqu'ici secrétaire d'Etat au DFAE, poste qu'il occupait depuis janvier 2010 après le départ de Michael Ambühl. Auparavant, il avait occupé durant six ans le poste d'ambassadeur et chef de la Mission permanente de la Suisse auprès des Nations Unies à New York.

L'hommage: "Sous la présidence de Jakob Kellenberger, le CICR a augmenté ses opérations et élargi leur ampleur pour renforcer le soutien humanitaire qu'il fournit aux victimes de conflits armés et d'autres violences. En plus, il a internationalisé et diversifié de manière significative ses équipes, à la fois à son siège et sur le terrain, afin d'assurer une réponse plus rapide, plus professionnelle et plus appropriée sur le plan humanitaire à des situations d'urgence complexes" (Peter Maurer, le 19 octobre 2011).

Frédéric Boillat

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L'organigramme du CICR

Selon les statuts de l'institution, le CICR est dirigé par l'Assemblée, le Conseil de l'Assemblée (organe subsidiaire doté de certains pouvoirs délégués par l'Assemblée) et la Direction (l'organe exécutif).

L'Assemblée est l'organe suprême. Composée de 15 à 25 membres de nationalité suisse désignés par cooptation, elle exerce la haute surveillance de l'Institution, adopte sa doctrine, ses objectifs généraux, sa stratégie institutionnelle, son budget et ses comptes

Tant l'Assemblée que le Conseil de l'Assemblée étaient jusqu'ici présidés par Jakob Kellenberger.

Les cinq membres de la Direction sont eux nommés par l’Assemblée pour un mandat de quatre ans. La nouvelle équipe de direction a pris ses fonctions le 1er juillet 2010. Yves Daccord en est le président et Peter Krähenbühl le directeur des opérations.