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Les ONG muselées par le parti de Vladimir Poutine en Russie

La chambre basse du parlement russe (Douma) n'a pas tenu compte des protestations des défenseurs des libertés, de l'opposition libérale et de juristes. [EPA/MAXIM SHIPENKOV]
La chambre basse du parlement russe (Douma) n'a pas tenu compte des protestations des défenseurs des libertés, de l'opposition libérale et de juristes. - [EPA/MAXIM SHIPENKOV]
Le parti du président russe Vladimir Poutine a fait adopter une loi muselant les Organisation non gouvernementales (ONG) financées depuis l'étranger. Celles-ci avaient dénoncé l'existence de fraudes lors des législatives de décembre.

La chambre basse du parlement russe (Douma) a adopté vendredi en première lecture un projet de loi qui qualifie les ONG ayant un financement étranger et une activité "politique" d'"agents de l'étranger" et les place sous contrôle. Selon les associations visées, l'initiative vise à réduire toute critique au silence.

Malgré les protestations des défenseurs des libertés, de l'opposition libérale et de juristes, le texte a été mis à l'ordre du jour de la Douma en urgence par le parti au pouvoir "Russie unie" de Vladimir Poutine. Il prévoit un enregistrement séparé des ONG bénéficiant de financement étranger et participant à une "activité politique" sur le territoire russe. Il précise que celles-ci doivent s'afficher comme "agents de l'étranger" dans toute communication ou activité publique et les contraint à un contrôle financier très strict.

Forte amende

Le non respect de ces exigences peut entraîner des amendes pouvant aller jusqu'à un million de roubles (30'000 francs) et jusqu'à quatre ans de prison.

Ce projet de loi s'ajoute à la multiplication des pressions, poursuites judiciaires, perquisitions et interrogatoires, dénoncés par les représentants de l'opposition depuis le retour de Vladimir Poutine au Kremlin le 7 mai. Le président russe avait accusé ces derniers mois les dirigeants de l'opposition et des ONG qui avaient dénoncé des fraudes électorales aux législatives de décembre d'oeuvrer dans l'intérêt de puissances étrangères.

Une source au Kremlin citée par l'agence publique Ria Novosti a affirmé que la loi toucherait non seulement des organisations de contrôle électoral mais aussi de lutte contre la corruption, comme l'antenne russe de Transparency International, et des organisations écologistes. Les organisations de défense des droits de l'homme et des libertés se sont elles aussi clairement senties visées, et ont dénoncé un texte ayant pour but de débarrasser la Russie des ONG les plus gênantes.

ats/cab

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