La France commémore la rafle du Vel'd'Hiv, une page sombre de son histoire

D'anciens déportés se sont recueillis le 16 juillet, jour du 70e anniversaire de la rafle. [BERTRAND GUAY]
D'anciens déportés ont fait un discours devant le wagon témoin, semblable à ceux qui avaient servi de moyen de transport vers les camps. - [BERTRAND GUAY]
Septante ans après la rafle du Vel'd'Hiv à Paris au cours de laquelle 13'152 Juifs avaient été arrêtés, un hommage aux victimes a été rendu lundi à Drancy, l'un des lieux de leur internement avant leur départ vers les camps de la mort.

Plusieurs centaines de personnes ont participé lundi à Drancy à une cérémonie d'hommage aux victimes de la rafle du Vel'd'Hiv, lors de laquelle 13'152 juifs ont été arrêtés puis déportés (lire ci-contre). Cette commémoration avait lieu 70 ans après le drame.

Il s'agissait de la première des manifestations commémorant cette rafle, qui se concluront dimanche par une cérémonie en présence du président français François Hollande sur les lieux de l'ancien Vélodrome d'Hiver à Paris où des milliers de juifs avaient été détenus après leur arrestation.

Les participants à la cérémonie se sont recueillis pendant de longues minutes sur le monument aux déportés, à l'emplacement de l'ancien camp d'internement de Drancy d'où furent envoyés des milliers de juifs vers les camps de la mort, avant de déposer des gerbes de fleurs devant le Wagon Témoin, symbole de la déportation.

Anciens déportés et descendants

Parmi eux figuraient des anciens déportés, mais aussi des descendants de ceux qui ne sont jamais revenus des camps et des membres de la communauté juive.

Dénonçant les "crimes inouïs du nazisme", le rabbin Moché Lewin, porte-parole du Grand Rabbin de France, a invité à respecter "le devoir de mémoire", pour "transmettre les valeurs humanitaires (...) de génération en génération".

En 1995 le président Jacques Chirac avait rompu avec l'histoire officielle attribuant la responsabilité de la rafle aux seules autorités d'occupation en reconnaissant que l'Etat français y avait apporté son concours.

agences/mre

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La rafle du Vel'd'Hiv

Les 16 et 17 juillet 1942, 13'152 Juifs étrangers réfugiés en France avaient été arrêtés à Paris et en banlieue par la police française, avant d'être déportés vers des camps d'extermination, notamment Auschwitz.

Parmi eux, 8160 personnes, dont 4115 enfants, avaient été enfermés durant quatre jours au Vélodrome d'hiver, un stade voué aux courses cyclistes dans l'ouest de Paris.

Les 4992 autres, couples sans enfants et célibataires, étaient entassés dans le camp de Drancy, une cité d'habitations transformée durant la guerre en camp d'internement et de transit vers les camps de la mort.

Sur les 13'152 victimes de cette rafle seule une centaine ont survécu, dont aucun enfant.

Les jeunes connaissent mal

Selon un sondage commandé par l'Union des étudiants juifs de France à l'institut CSA et publié lundi, une majorité (57 à 67%) des Français de moins de 35 ans ne sait pas ce qu'est la rafle du Vel'd'Hiv. Sur l'ensemble des générations questionnées, 42% des personnes sont dans le même cas.