Le régime syrien a reconnu lundi pour la première fois posséder des armes chimiques et menacé de les utiliser en cas d'intervention militaire occidentale mais jamais contre sa population, suscitant une mise en garde virulente des Etats-Unis.
Sur le terrain, l'armée syrienne semblait avoir repris le contrôle de la plus grande partie de Damas après une semaine de violents combats inédits, les rebelles adoptant désormais une stratégie de harcèlement.
Les autorités syriennes ont rejeté sans surprise une proposition arabe d'un départ négocié du président Bachar al-Assad pour éviter la poursuite de la répression et des combats qui ont coûté la vie à plus de 19'000 personnes en 16 mois de révolte selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Menace chimique contre "agressions étrangères"
Face à l'escalade des violences qui ont encore fait lundi au moins 54 morts à travers le pays, le président russe Vladimir Poutine, un allié de Damas, a mis en garde contre une guerre civile de longue durée en Syrie si al-Assad était destitué du pouvoir de manière "inconstitutionnelle".
Reconnaissant pour la première fois posséder un arsenal chimique, le porte-parole des Affaires étrangères syriennes Jihad Makdessi a prévenu que ces armes non conventionnelles "stockées et sécurisées sous la supervision des forces armées (...) ne seront utilisées qu'en cas d'agression étrangère".
Mais Jihad Makdessi a assuré, lors d'une conférence de presse à Damas, qu'elles ne "seront jamais, jamais, utilisées contre nos citoyens, quelle que soit l'évolution de la crise".
afp/vtom/olhor
Courroux international
Les réactions courroucées tombent après que Damas a annoncé lundi utiliser des armes chimiques en cas d'"intervention militaire".
Le président américain Barack Obama a prévenu le régime qu'il commettrait une "erreur tragique" et devrait rendre des comptes s'il utilisait ses armes chimiques, tandis que le Pentagone a affirmé que les Syriens "ne devraient même pas penser une seule seconde à (en) faire usage". De son côté, Bruxelles s'est dite "profondément inquiète".
Le chef de l'ONU, Ban Ki-moon, a jugé qu'un recours aux armes chimiques par la Syrie serait "répréhensible". Israël a, quant à lui, prévenu qu'il ne pouvait pas "accepter" que des armes chimiques tombent aux mains du Hezbollah libanais, allié du régime syrien.
Embargo de l'UE renforcé
L'Union européenne a décidé lundi de doubler son aide humanitaire aux réfugiés qui affluent aux frontières syriennes et a resserré l'étau sur le régime de Bachar al-Assad avec un nouveau train de sanctions.
Réunis à Bruxelles, les ministres européens des Affaires étrangères ont promis d'offrir de "l'aide supplémentaire, y compris financière, pour aider les pays voisins, notamment le Liban et la Jordanie, à accueillir le nombre croissant de réfugiés".
La Commission européenne a annoncé avoir doublé son aide d'urgence aux réfugiés en Syrie et dans les pays voisins, en la portant à 63 millions d'euros. Les Etats membres de l'UE ont pour leur part débloqué à ce jour quelque 27,5 millions d'euros d'aide humanitaire.
Bachar al-Assad rejette la proposition de la Ligue arabe
La Syrie a rejeté lundi la proposition de la Ligue arabe d'un départ négocié du président Bachar al-Assad et de sa famille, a affirmé à Damas le porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères, Jihad Makdessi.
"Nous sommes désolés que la Ligue arabe se soit abaissée à ce niveau envers un pays membre de cette institution. Cette décision revient au peuple syrien qui est le seul maître de son sort", a-t-il déclaré.
Cet proposition de la Ligue arabe a été lancée dans la nuit de dimanche à lundi par le Premier ministre du Qatar, cheikh Hamad Ben Jassam Al-Thani.
Il a aussi appelé l'opposition et l'Armée syrienne libre (ASL), formée de déserteurs et de civils armés, à mettre en place un gouvernement de transition.