Des embouteillages partout, partout
La grogne de certains Londoniens à l'arrivée des Jeux se cristallise autour des problèmes de transport que la capitale britannique va affronter. Chaque jour pendant six semaines, près de 3 millions de déplacements supplémentaires seront enregistrés. Rien que dans les transports publics, il faudra compter avec un million de voyageurs en plus, alors que certaines infrastructures datent du 19e siècles.
Sur la route, les autorités ont pris des mesures exceptionnelles pour tenter de faire face à cet afflux massif. Des couloirs de circulation ("Games Lanes") réservés aux 82'000 athlètes, membres des délégations, invités, sponsors et journalistes ont été mis en service. Plutôt que de "désengorger" les voies, ces couloirs ont semé la confusion chez les automobilistes et provoqué des embouteillages sur plusieurs grands axes. Les autorités ont ainsi prié les Londoniens d'éviter de prendre leur voiture et d'opter pour la marche, le vélo ou le télétravail.
La folie sécuritaire
Les détracteurs des Jeux fustigent également la "folie sécuritaire" qui s'est emparée de la Grande-Bretagne depuis quelques mois. Londres est en état d'alerte maximum, la sécurité ayant été érigée en priorité par les autorités britanniques après la série d'attentats qui ont fait 56 morts en juillet 2005, au lendemain de l'attribution des Jeux. Les dérives dénoncées:
- Le couac G4S
Un couac avec la firme privée G4S a fait scandale outre-Manche. La société G4S devait fournir 10'000 agents de sécurité mais s'est trouvée dans l'incapacité de remplir ses engagements. Le gouvernement a été contraint de faire appel à l'armée. Il a mobilisé en catastrophe près de 5000 soldats supplémentaires.
- Des missiles sur le toit
Dans l'est de Londres, les habitants de la tour Fred Wigg, un ensemble immobilier défavorisé proche du parc olympique, se sont opposés sans succès à l'installation d'une batterie de missiles sol-air destinée à protéger la capitale contre une éventuelle attaque aérienne. Ces résidents ont déposé plainte mais ils ont été déboutés par Haute Cour de Londres. Au total, six sites stratégiques, dont deux immeubles, ont été choisis pour "accueillir" des batteries de missiles.
- Des moyens hors normes
Au total, 40'000 personnes, dont 18'200 soldats, sont mobilisées pour les JO et le gouvernement a prévenu la police qu'elle pourrait également être mise à contribution. Outre le déploiement humain, des avions de combat sont en alerte et un porte-hélicoptères mouille sur la Tamise. "C'est la plus grande opération sécuritaire en temps de paix et nous ne laissons rien au hasard", a confirmé le Premier ministre David Cameron.
Des conséquences sociales
La transformation accélérée des quartiers de l'est de Londres a provoqué une flambée des prix de l'immobilier. Plusieurs voix dénoncent la volonté des autorités de profiter des Jeux pour transformer ces zones populaires en quartiers résidentiels pour la classe moyenne, avec pour conséquence de reléguer les classes défavorisées à l'extérieur de Londres.
Plusieurs "affaires" ont en outre été révélées ces derniers jours. Une association de protection des salariés a ainsi dénoncé les conditions de travail des ouvriers chinois qui fabriquent notamment les mascottes Wenlock et Mandeville: ils ont travaillé 120 heures de plus que la durée légale mensuelle et ont été exposés à des vapeurs chimiques. Autre exemple: des médias ont évoqué les conditions de vie insalubres dans lesquelles étaient hébergés des agents de nettoyage engagés pour les JO.
Des coûts exorbitants
L'organisation des Jeux a coûté plus de 11 milliards d'euros aux contribuables britanniques, au moment où ceux-ci sont invités à se serrer la ceinture et voient les services publics sévèrement rognés. Tout mis bout à bout, le coût des Jeux a triplé depuis les premiers calculs du dossier de candidature.
A elle seule, la cérémonie d'ouverture, qu'on annonce grandiose, a un coût de 34 millions d'euros. De quoi faire grincer les dents de certains...
Des sponsors encombrants
Des voix s'élèvent également contre la main-mise de certains sponsors des Jeux qui tentent de "redorer leur blason". La présence du groupe Dow Chemical parmi les sponsors a ainsi fait couler beaucoup d'encre. Ce groupe a racheté l'usine de pesticide Union Carbide, d'où s'était échappé un nuage de gaz toxique qui avait fait des dizaines de milliers de morts et de malades à Bhopal (Inde) en 1984. Il s'agit de la pire catastrophe industrielle de l'histoire. L'américain Dow Chemical rejette toute responsabilité dans l'affaire.
Vaste marché noir mis à jour
Comme tout événement d'importance, les Jeux donnent lieu à un important marché noir de billets. Mais l'affaire révélée par le Sunday Times est plus grave. Des journalistes ont montré qu'il était possible d'acheter à prix d'or des tickets auprès de responsables olympiques et de revendeurs autorisés. Le Comité olympique international a ouvert une enquête.
Cécile Rais