Grandes et petites histoires des JO

Djibo Issaka, le jardinier rameur

Il y a encore trois mois, le Nigérien Hamadou Djibo Issaka n'avait jamais vu d'aviron. Jusque-là, il partageait son temps entre son job de jardinier à Niamey et une carrière de nageur au niveau national. Invité par la Fédération internationale des sports nautiques pour représenter son pays à Londres, le voici propulsé premier rameur de l'histoire du Niger, et coqueluche du bassin olympique. "Je n'avais jamais ramé dans un vrai bateau en fibre de carbone avant les jeux de Londres. Au Niger, on avait bricolé une embarcation avec les matériaux trouvés ici et là ", raconte t-il. Peu importe s'il boucle sa course avec plus d'une minute trente de retard sur le vainqueur, le public l'adore.

Liu Xiang, le cauchemar olympique

Affublé du même dossard 1356 qu'aux JO de Pékin, Liu Xiang a replongé lors du 110 mètres haies. Favori des Jeux de Londres, champion olympique en 2004 et ancien recordman du monde, la superstar chinoise apparaissait détendue devant les caméras. Mais la série du 110m haies lui a été fatale: Xiang n'ira pas plus loin que la première haie, qu'il percute pour se retrouver au sol, victime d'une blessure au tendon d'Achille comme en 2008. Sorti du stade en fauteuil roulant, le hurdleur de 29 ans renonce une nouvelle fois à ses rêves olympiques, peut-être pour la dernière fois.

Ivan Ukhov, l'ivresse des stades

Ivan Ukhov n'est pas qu'un sauteur fantasque, dont Athletissima 2008 se souvient. Cet été-là à Lausanne, le Russe s'était présenté ivre sur le sautoir, incapable de franchir la moindre barre après un chagrin d'amour trop noyé. Quatre ans plus tard, Ukhov ne fait plus rire: il est champion olympique, avec un saut à 2m38. Pourtant, l'épreuve avait mal commencé, le Russe égarant son maillot. Incapable de le retrouver, il s'est élancé en T-shirt avant de remporter le titre.

Les athlètes camerounais filent à l'anglaise

Sept sportifs camerounais ont pris la poudre d'escampette, profitant du déplacement de leur délégation en Grande-Bretagne. Motif ? Ils souhaiteraient rester en Europe pour raisons économiques. Cinq boxeurs, un nageur et une footballeuse ont disparu, emportant leurs affaires personnelles. Et ce n'est pas une première : pendant les Jeux de la francophonie et du Commonwealth, plusieurs athlètes camerounais avaient déjà quitté la délégation sans autorisation.

Felix Sanchez, le retour miracle

A 34 ans, Felix Sanchez aurait dû raccrocher. Champion olympique du 400 mètres haies à Athènes , le Dominicain a enchaîné les blessures après avoir écrasé la distance entre 2001 et 2004, restant invaincu 43 courses d'affilée. Arrivé en outsider à Londres, "Superman* a réalisé le même temps que lors de son premier titre en 2004 : 47,63 sur le 400m haies. Emu aux larmes, le hurdleur a embrassé une photo de sa grand-mère défunte, rangée sous son dossard. "Je voulais qu'elle soit fière de moi. C'est pour ça que j'ai couru avec sa photo près de mon coeur", a t-il avoué.

Shin A Lam, victime d'une erreur d'arbitrage

Une escrimeuse sud-coréenne en larmes, refusant de quitter la piste. Battue en demie-finale de la compétition d'épée, Shin A Lam a contesté la décision des arbitres suite à un imbroglio sur le décompte du chronomètre. Pendant plus d'une heure, elle est restée sur la piste pendant que ses responsables essayaient de faire revenir la Fédération internationale sur sa décision. Shin A Lam a reçu une médaille spéciale pour "son désir de gagner"  - sans accéder à la finale. Un moyen pour la Fédération de corriger l'erreur sans se désavouer.

Oscar Pistorius, le surhomme

Amputé des deux jambes lorsqu'il était encore bébé, le Sud-Africain Oscar Pistorius aura marqué les Jeux de Londres grâce aux prothèses flexibles qui lui permettent de courir. Premier athlète paralympique à prendre part à des concours traditionnels, il avait remporté la médaille d'argent du relais 4x400m aux Mondiaux d'athlétisme de Daegu (Corée du Sud). A Londres, il est éliminé en demi-finale du 400m et termine à la 8e place. Belle image: à la fin de la course, Oscar Pistorius et le vainqueur Kirani James ont échangé une accolade et leur dossard. A l'énoncé de son nom, le coureur a été ovationné par le public et on a pu lire un "Thank You" sur les lèvres.

Katherine Grainger, doctorante en criminologie

Six fois championne du monde d'aviron, médaillée d'or à Athènes, 23 courses sans défaite depuis 2010... Un palmarès impressionnant couronné par une nouvelle médaille d'or aux JO de Londres. Mais la rameuse britannique Katherine Grainger va devoir écourter la fête pour finir sa thèse dédiée aux grands criminels. Elle finit son doctorat en criminologie au King's College de Londres. Une activité plutôt saine selon elle : "quand tu es coincée sur le rameur pendant des heures parce que l'eau est agitée, c'est bien d'avoir un autre sujet de préoccupation".

Kristina Vogel, la rescapée

Championne précoce (six titres mondiaux en junior en 2007-2008), Kristina Vogel a remporté l'or en cyclisme de vitesse. Une prouesse inédite pour la jeune femme, victime d'un accident de la route en 2009. Deux jours de coma artificiel, quatre semaines d'hospitalisation et trois mois de rééducation. Passée à deux doigts de la tétraplégie, elle ne peut même plus croquer dans un fruit. Trois ans plus tard, la voilà championne olympique.

Ye Shiwen, trop forte pour être vraie

La nageuse chinoise Ye Shiwen a attiré les regards suspicieux après son dernier 50m supersonique sur le 200m 4 nages, bouclé plus rapidement que le nageur américain Ryan Lochte. "Des athlètes d'autres pays ont gagné plusieurs médailles et personne ne dit rien à leur sujet, pourquoi dites-vous ces choses là sur moi? ", a demandé la nageuse médaillée d'or à des journalistes qui la pressaient de questions. La Fédération internationale de natation a rappelé que ces accusations ne tenaient sur aucun fait.

Zara Phillips tient son rang

Petite-fille de la reine Elizabeth II, Zara Phillips a remporté la médaille d'argent à l'épreuve d'équitation par équipes. Treizième dans l'ordre de succession au trône, la cavalière de 31 ans avait été élue sportive de l'année par la BBC en 2006 après avoir remporté le titre mondial sur Toytown, son grand "amour", désormais retraité.

Les mauvaises fréquentations de Nadja Dragyll

Son histoire d'amour lui avait déjà valu des regards noirs, mais sans lui coûter de compétition. Pourtant la rameuse allemande Nadja Dragylla a quitté de son plein gré la délégation avant les JO : elle sort avec un néo-nazi, ancien cadre du parti d'extrême droite allemand, le NPD. De quoi déchaîner l'opinion publique allemande et la presse internationale. Ainsi du New York Times : "quand une jeune femme représente l'Allemagne aux JO, et que ses choix personnels impliquent la politique d'extrême droite, il devient impossible de séparer les deux". Un comité parlementaire se penchera sur la question à la rentrée.

Wojdan Shaherkani, 82 secondes de polémique

Première judoka saoudienne de l'histoire olympique, Wojdan Shaherkani a créé bien malgré elle la polémique. Lors de son combat, la jeune fille âgée de 16 ans portait un bonnet de bain pour couvrir ses cheveux, à la demande de son père et de la fédération saoudienne. Le "scandale" a duré 82 secondes, le temps de perdre face à une combattante portoricaine.

Mathilde Carton