Le président libanais a tenu jeudi des réunions de crise avec des ministres et chefs de la Sécurité, à la suite d'une vague d'enlèvements de ressortissants syriens par des hommes armés chiites faisant craindre que la crise en Syrie ne fasse tâche d'huile au Liban.
Rapt de 33 Syriens et d'un Turc
Au plus fort des enlèvements, plusieurs monarchies pétrolières du Golfe ont demandé mercredi à leurs ressortissants de quitter "immédiatement" le Liban, qui n'a pas connu une telle campagne de rapts depuis les années 1980, en pleine guerre civile.
Un clan chiite, les Al-Mouqdad, a revendiqué mercredi le rapt de 33 Syriens et d'un ressortissant turc en riposte à l'enlèvement cette semaine d'un membre du clan par un groupe rebelle syrien qui l'accuse d'être un tireur embusqué à la solde du Hezbollah, puissant parti chiite armé proche du régime de Damas. En outre, des commerces appartenant à des Syriens au Liban ont été vandalisés et des ouvriers chassés de leur travail par des chiites armés affirmant agir pour obtenir la libération de proches enlevés en Syrie.
Escalade des enlèvements
J'ai rencontré les chefs des services de sécurité et les ministres concernés pour discuter de la question des enlèvements des deux côtés", a déclaré le président Michel Sleimane. "Nous espérons résoudre (cette question) de manière diplomatique", a-t-il indiqué.
"Les (syriens) enlevés ne seront libérés qu'après la libération de Hassan al-Mouqdad", a averti jeudi Maher al-Mouqdad, porte-parole de la famille. "L'escalade va continuer", a-t-il prévenu. Jeudi, quatre hommes armés ont enlevé un ressortissant syrien, Houssam Yehya Khachroum, près de la ville de Chtaura (est), après avoir tiré sur sa voiture, a indiqué un responsable des services de sécurité.
afp/vtom
Le Liban divisé par le conflit syrien
Le conflit en Syrie divise profondément le Liban voisin, pays à l'équilibre confessionnel très fragile, notamment entre des chiites qui expriment leur sympathie pour le régime alaouite - une émanation du chiisme - et des sunnites qui penchent vers les insurgés.
Le Liban a accueilli près de 38'000 réfugiés depuis le début du conflit en Syrie en mars 2011.
Alep bombardée par l'armée syrienne
L'armée a pilonné jeudi plusieurs quartiers d'Alep faisant 18 tués, a affirmé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Huit soldats sont décédés dans des accrochages avec les rebelles dans cette métropole du nord de la Syrie, alors que les violences ont fait au total 34 tués, dont 26 civils, en Syrie, toujours selon l'OSDH.
L'organisation a fait état de bombardements dans plusieurs quartiers du nord-est d'Alep, ville où se joue depuis près d'un mois une bataille cruciale pour l'avenir du régime.
Dans la province de Damas, cinq civils ont péri dans des bombardements et trois autres sont décédés dans la province orientale de Deir Ezzor.
Mercredi, une journée particulièrement sanglante a fait 172 tués, notamment dans un raid meurtrier contre la localité d'Azaz, précise l'OSDH, basée en Grande-Bretagne.