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En Afrique du Sud, le bras de fer entre mineurs et exploitants continue

La grève se poursuit devant la mine de Lonmin en Afrique du Sud. [EPA]
La grève se poursuit devant la mine de Lonmin en Afrique du Sud. - [EPA]
Trois jours après le massacre de la mine de Marikana, l'exploitant Lonmin a menacé dimanche de licencier les grévistes qui ne reprendraient pas le travail lundi. Le président Jacob Zuma a par ailleurs décrété un deuil national.

Dimanche matin, Lonmin a sommé les ouvriers de reprendre le travail lundi. "L'ultimatum final a été repoussé au lundi 20 août à la suite des événements de jeudi", a indiqué la société britannique. Dix personnes, dont deux policiers, ont été tuées entre les 10 et 12 août dans des affrontements intersyndicaux, et 34 mineurs ont été abattus et 78 blessés par la police jeudi.

"L'ultimatum final donne aux employés une dernière chance de reprendre le travail ou de s'exposer à un possible licenciement". Les mineurs ont réagi avec colère. "Est-ce qu'ils vont virer aussi ceux qui sont à l'hôpital et à la morgue?", s'emportait l'un d'eux. Les mineurs, qui touchent en moyenne 4000 rands (467 francs) par mois, réclament 12'500 rands (1460 francs), soit plus qu'un triplement de leur salaire.

Samedi matin, des experts de la police des polices sont arrivés à la mine afin de déterminer si la réaction des policiers était proportionnelle à la menace des mineurs. Pour la plupart des commentateurs, la responsabilité immédiate du drame était partagée entre la police, mal équipée et mal préparée pour ce type de situation, et les grévistes eux-mêmes, violents et armés d'armes blanches et, selon certains témoignages, d'armes à feu.

Tribun populiste en vedette

La vedette des journaux du dimanche était le jeune tribun populiste Julius Malema, soudain sorti de l'anonymat politique dans lequel il était tombé après avoir été exclu en avril de l'ANC, le parti au pouvoir, pour ses provocations répétées. Samedi, l'ancien leader de la ligue de jeunesse de l'ANC s'est rendu auprès des mineurs et s'est adressé à eux, refusant toute forme de protection policière.

Il a accusé le président Zuma d'être responsable du massacre et l'a appelé à démissionner. "Zuma ne s'intéresse pas aux mineurs. Il est venu ici hier soir (vendredi) et il a rencontré des blancs. Il ne sait même pas si les mineurs sont sains et saufs ou pas", a-t-il lancé aux grévistes.

Malema a très longtemps incarné l'aile radicale de l'ANC. Insatisfait de voir le chômage, la misère et les inégalités s'aggraver 18 ans après la chute de l'apartheid, il appelait notamment à la nationalisation des mines et à l'expulsion sans compensation des grands propriétaires terriens blancs.

agences/vkiss

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Deuil national d'une semaine

"La nation est sous le choc et dans la peine", a déclaré le président Jacob Zuma en annonçant un deuil national d'une semaine. "Cette semaine (...) nous devons réaffirmer notre foi en la paix, la stabilité et l'ordre, et dans la construction d'une société solidaire débarrassée du crime et de la violence".

Dans le même communiqué, Jacob Zuma a par ailleurs annoncé la composition de la commission inter-ministérielle chargée d'enquêter sur la tragédie.

Avant l'annonce du deuil national, les commentaires politiques allaient bon train, accusant notamment le chef de l'Etat d'avoir été passif tout au long de la crise.