C'est dans une ambiance très calme, mais une chaleur étouffante que 5000 personnes, selon la police, ont défilé dans les rues de Bruxelles à l'appel de Jean-Denis Lejeune, le père de l'une des victimes de Dutroux. Parmi les manifestants figuraient aussi le père d'Ann Marchal, une victime du meurtrier pédophile, ainsi que Laetitia Delhez, tout de noir vêtue, l'une des deux victimes de Marc Dutroux ayant survécu.
Leur objectif: demander une réforme de la justice, à quelques jours de la décision de la plus haute juridiction belge sur la libération conditionnelle de l'ex-femme de Marc Dutroux. "Justice corrompue", "peines incompressibles pour ceux qui abusent des enfants", pouvait-on lire sur les banderoles. "Dutroux. Martin. Assassin", ont crié certains manifestants, même si dans son ensemble, le silence a prévalu et aucun incident n'a été à déplorer.
Elan populaire
"Il y a eu un vrai élan populaire, c'est une belle réussite, une très grande réussite. Le gouvernement ne pourra pas ignorer ce qui s'est passé aujourd'hui, nous sommes motivés pour aller le plus loin possible", a déclaré Jean-Denis Lejeune à l'issue de la marche. "On est là", lui a répondu la foule.
La mobilisation est longtemps restée la grande inconnue de cette manifestation, les vacances et les fortes températures jouant en sa défaveur. La marche a commencé peu avant 15h00 et a duré une petite heure, le temps que le cortège arrive devant le palais de justice de Bruxelles. A l'issue du défilé, Jean-Denis Lejeune et le père d'Ann Marchal ainsi que Laetitia Delhez ont rencontré la ministre belge de la Justice, Annemie Turtelboom, pour lui remettre une série de propositions pour réformer la justice (lire ci-contre).
16 ans de prison
La Cour de cassation doit se prononcer le 28 août sur la validité de la libération conditionnelle de l'ex-femme de Marc Dutroux, qui reste en attendant derrière les barreaux. Agée de 52 ans, l'ancienne institutrice avait été reconnue coupable d'avoir séquestré plusieurs des victimes de Marc Dutroux et d'avoir laissé mourir de faim Julie Lejeune et Melissa Russo.
Incarcérée depuis 1996, elle a purgé 16 ans de prison, soit un peu plus de la moitié des 30 ans de réclusion auxquels elle a été condamnée. Si elle est libérée, elle sera accueillie dans un couvent près de Namur, à condition de se "tenir à distance" des familles des victimes.
ats/vkiss
Débat sur les peines incompressibles
"Je ne demande pas des peines incompressibles, mais une plus grande échelle des peines et que celui qui tue une personne ou un enfant ne soit pas condamné aussi lourdement que celui qui en tue quatre, enlève et séquestre des enfants", avait expliqué Jean-Denis Lejeune.
Le débat sur les peines incompressibles pour les crimes les plus graves est en tout cas relancé dans le pays. La ministre de la Justice a annoncé samedi qu'un texte sur ce sujet sensible était déjà prêt depuis plusieurs semaines.