Les pourparlers engagés sous l'égide du gouvernement sud-africain se poursuivaient dans la soirée à Rustenburg, la principale ville des environs, entre le groupe minier Lonmin et les syndicats. Nouveauté de la journée, le noyau dur des 3000 foreurs qui s'étaient mis en grève le 10 août pour réclamer un triplement de leurs salaires a accepté de se faire représenter par les syndicats.
Mineurs inculpés
Seuls 6,6% des 28’000 employés de la mine se sont rendus au travail jeudi, selon l'entreprise. A quelques dizaines de kilomètres de là, un tribunal de la banlieue de Pretoria a formellement inculpé du meurtre de leurs 34 camarades abattus par la police les 270 mineurs arrêtés après la fusillade du 16 août, en vertu d'une bizarrerie du code pénal sud-africain.
Cette clause légale prévoit que soient inculpées de meurtre toutes les personnes arrêtées sur le site d'une fusillade impliquant la police, que les victimes soient des policiers ou non. Le juge Esau Bodigelo, qui les a entendus jeudi, a fixé la prochaine audience au 6 septembre, le temps de vérifier leurs adresses - une gageure car la plupart d'entre eux vivent dans des bidonvilles - et a ordonné leur maintien en détention.
"Je comprendrais si le cas avait à voir avec le meurtre de deux policiers (tués dans les jours précédents), mais les inculper pour la fusillade de la police sur leurs camarades est étrange", a réagi Vincent Nmehille, juriste à l'Université de Witwatersrand.
"C'est de la folie"
Dix hommes, dont deux policiers, ont été tués entre le 10 et le 12 août dans des affrontements intersyndicaux. Puis 34 personnes ont été abattues par la police le 16. Le jeune tribun populiste Julius Malema, expulsé en avril de l'ANC, le parti au pouvoir, a assisté à l'audience de jeudi. "C'est de la folie", a dit l'ancien président de la Ligue de jeunesse de l'ANC à des journalistes en entendant prononcer l'inculpation.
"Les policiers qui ont tué ces mineurs ne sont pas en prison, pas un seul d'entre eux", a-t-il lancé. Malema avait fait parler de lui le 23 août en attaquant le gouvernement et appelant les grévistes à la révolution, lors d'une cérémonie en hommage aux victimes de Marikana.
Le photojournaliste Greg Marinovich, qui a passé quinze jours à Marikana, a lui affirmé jeudi sur le site d'information Daily Maverick que la plupart des grévistes tués par les forces de l'ordre l'ont été de sang-froid.
ats/bkel