Le mouvement de revendication des mineurs sud-africains s'étend
Quelque 15'000 mineurs sud-africains ont à nouveau débrayé lundi dans une mine d'or proche de Johannesburg dans un climat social toujours tendu par le bras de fer qui se poursuit à la mine de Marikana, théâtre d'une sanglante fusillade policière le 16 août.
L'équipe de nuit a cessé le travail à la mine d'or KDC exploitée à plus de 3000 mètres de profondeur par le groupe Gold Fields dans la banlieue de Johannesburg. Gold Fields, groupe coté à Johannesburg et New York, est le deuxième producteur local d'or, et quatrième mondial.
Marikana, point de ralliement des grévistes
Cette agitation sociale, relativement banale en temps ordinaire, a pris une teinte inquiétante alors que les efforts pour obtenir la reprise du travail à Marikana restent vains, un mois jour pour jour après le début de la grève.
Le groupe britannique Lonmin est propriétaire de ce site d'extraction et de traitement du platine, où 44 personnes ont trouvé la mort en août, dont 34 grévistes tués par la police le 16, et dont les derniers ont été inhumés samedi au Cap oriental (sud), leur région d'origine.
La colline, où a eu lieu ce qui s'apparente de plus en plus à une massive bavure policière au vu des témoignages recueillis auprès des manifestants, est devenu le point de ralliement quasi-quotidien des foreurs en grève qui réclament toujours un triplement de leurs salaires à 12'500 rands (1450 francs).
Lundi, environ 3000 d'entre eux se sont rassemblés pour marcher ensuite en cortège vers les accès d'une mine encore en activité du site, Eastern Platinum, barricadée par quatre véhicules de police blindés.
Querelles personnelles et idéologiques
Pour les observateurs, le secteur minier risque de vivre au rythme de ces perturbations jusqu'au congrès de l'ANC (Congrès National africain, au pouvoir) en décembre, pour cause de querelles de personnes et idéologiques.
"C'est presque devenu contagieux", explique Crispen Chinguno, sociologue à l'université de Witwatersrand à Johannesburg. "Même si les travailleurs ont de vraies revendications sociales, cela va bien au-delà d'un conflit du travail. Certains politiciens ont fait main basse sur la grogne des travailleurs parce que la mine est au coeur de l'ordre économique, social et politique en Afrique du Sud", ajoute-t-il.
afp/pym