Modifié

L'affaire Arnault continue à faire des vagues en Belgique

Les manifestants ont dénoncé vendredi à Bruxelles les investisseurs qui viennent pour profiter du système belge. [John Thys]
Les manifestants ont dénoncé vendredi à Bruxelles les investisseurs qui viennent pour profiter du système belge. - [John Thys]
La naturalisation de Bernard Arnault -le patron du groupe de luxe LVMH- a relancé avec force cette semaine le débat sur la fiscalité en Belgique. Vendredi, des milliers de personnes ont protesté contre les "rentiers" dans les rues de Bruxelles.

L'affaire Bernard Arnault a relancé avec force cette semaine le débat sur la fiscalité en Belgique, où plusieurs milliers de personnes ont manifesté vendredi contre les "rentiers" tandis que les partis de gauche réclamaient de taxer davantage les revenus du capital.

Le calme des "beaux quartiers" de Bruxelles a été perturbé quelques heures dans la matinée par une manifestation "pour une fiscalité plus juste" qui a rassemblé entre 8000 et 10'000 personnes, selon la police et la FGTB, l'un des deux plus importants syndicats du pays.

Lieu symbolique

"Cela fait drôle de manifester dans des rues si chics!", a témoigné l'un d'eux, Robert Verteneuil, en passant devant les immeubles de grand standing d'Ixelles, un quartier du Sud, proche de la commune d'Uccle où le milliardaire français Bernard Arnault, patron du groupe de luxe LVMH, possède un appartement.

"Le choix de ce lieu est symbolique car Ixelles abrite, malheureusement, des rentiers qui éludent l'impôt", a justifié Anne Demelenne, secrétaire générale de la FGTB. "Nous sommes venus déranger le confort des SDF -les Sans Difficultés Financières", s'amusait une jeune manifestante.

Eviter un amalgame

Mais le syndicat proche des socialistes s'est défendu de "viser" les Français en particulier, même si "le cas Arnault est dans toutes les têtes". "Ils sont environ 200'000 à vivre en Belgique et seuls de 2000 à 5000 sont des rentiers. Nous ciblons ceux qui se servent de la Belgique pour éviter de payer leurs impôts en France", a précisé Anne Demelenne.

Avant la manifestation, le représentant de l'UMP (Union pour un mouvement populaire, parti de droite) en Belgique, Jérémy Michel, avait appelé la FGTB à ne pas "pratiquer l'amalgame entre la venue de Bernard Arnault et les Français vivant en Belgique qui, pour 98% d'entre eux ne sont pas des évadés fiscaux".

Le patron du groupe de luxe LVMH a démenti le week-end dernier que sa demande d'obtention de la nationalité belge soit liée à des raisons fiscales ou à l'intention du gouvernement français de taxer à 75% les plus hauts revenus.  

afp/jgal

Publié Modifié

Débat renforcé sur la fiscalité en Belgique

Au-delà du cas personnel de l'intéressé, peu connu en Belgique, "l'affaire Arnault" s'est rapidement invitée dans le débat politique. La gauche s'en est saisie pour dénoncer une Belgique plus que jamais "paradis pour les rentiers et enfer pour les travailleurs".

Le patron du Parti socialiste, Thierry Giet, a ainsi critiqué vendredi le fait que les rentrées fiscales étaient liées à 75% aux revenus du travail et à 25% seulement à ceux du capital, proposant de rééquilibrer la taxation entre revenus du travail et du capital. Mais le débat sur cette question s'annonce particulièrement sensible dans le contexte politique actuel, alors que la coalition au pouvoir repose sur un équilibre extrêmement précaire entre six partis de gauche, de droite et du centre.

Le chef de file des libéraux flamands, Vincent Van Quickenborne, a ainsi vivement rejeté les thèses avancées par le PS, en particulier la remise en cause de l'exonération des plus-values sur actions. "Ceux qui veulent en discuter à nouveau doivent comprendre qu'il n'y aura plus de gouvernement demain", a-t-il averti.

Prudent et soucieux d'unité, le Premier ministre socialiste Elio Di Rupo a refusé vendredi de prendre position. "Il y a un accord de gouvernement, on l'exécute. Chaque fois qu'on sort de ce cadre, il faut l'accord des six partis", a-t-il déclaré.

Les discussions s'annoncent donc ardues pour trouver les 4,6 milliards d'euros d'économies supplémentaires qui seront nécessaires pour boucler le budget 2013 et respecter les engagements de déficit pris envers l'Union européenne.