Intervention policière musclée chez les mineurs sud-africains en grève

La police sud-africaine a mené samedi une opération massive autour de la mine en grève de Marikana (nord), provoquant des heurts qui ont fait plusieurs blessés, un mois après la fusillade du 16 août.

Au lendemain d'un appel du pouvoir à rétablir l'ordre dans le bassin minier de Marikana, d'où sort plus d'1/5e de la production mondiale de platine, quelque 500 policiers ont perquisitionné dans la nuit les foyers d'hébergement de mineurs du groupe britannique Lonmin. "Si nous laissons cette situation se développer, l'économie va en souffrir gravement", a déclaré le porte-parole de la présidence Mac Maharaj.

La chaîne d'information eNCA a indiqué que les policiers avaient opéré sans ménagement, y compris dans les pièces où étaient hébergées des familles. La police a rempli plusieurs camions de bâtons traditionnels et machettes saisis.

Après la descente de police, des mineurs se sont regroupés dans la matinée non loin du lieu de la fusillade du 16 août. La police a alors fait usage de gaz lacrymogène, faisant fuir les mineurs vers les bidonvilles voisins où ils ont érigé des barricades et lancé des pierres sur les policiers. La police a répliqué par des tirs de balles en caoutchouc qui ont fait plusieurs blessés.

Une mobilisation qui s'étend

Cette intervention policière était la première depuis la fusillade du 16 août, qui avait réveillé les fantômes de la répression de l'époque de l'apartheid. Le mouvement social pour de meilleurs salaires, qui a débuté le 10 août chez Lonmin, s'est étendu ces derniers jours aux salariés d'Amplats et à une mine d'or du groupe Gold Fields près de Johannesburg (lire Le mouvement de revendication des mineurs sud-africains s'étend).

Les mineurs sont en désaccord avec le principal syndicat des mines accusé, à l'instar de l'ANC au pouvoir, de négliger les intérêts des millions de Sud-Africains pauvres. Les négociations doivent reprendre lundi mais un blocage est probable: une offre salariale formulée vendredi par le groupe britannique a déjà été rejetée par les grévistes, qui refusent de céder au nom des mineurs tués en août.

afp/ptur  

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Marche pacifique prévue dimanche

Après la spectaculaire descente de police et les heurts de samedi, les mineurs en grève ont annoncé une "marche pacifique" dimanche matin, un mois jour pour jour après la fusillade. Le cortège se rendra jusqu'au commissariat de police de la ville de Rustenburg, proche du site minier de Marikana.

"Tout le monde sera là, il n'y aura pas de vandalisme, peut-être des bâtons, mais pas d'armes", a indiqué à l'AFP l'un des chefs des mineurs grévistes de la mine d'Amplats, qui se fait appeler Gadaffi. "Ce sera une marche pacifique, mais je ne peux pas garantir qu'il n'y aura pas des (tirs de) balles en caoutchouc", a-t-il poursuivi, en référence aux incidents de samedi.