Le président américain Barack Obama a axé mardi son discours devant l'Assemblée générale de l'ONU sur le monde arabo-musulman, avec comme lignes de force l'Iran, la Syrie, l'attaque de Benghazi et le Printemps arabe. Cette allocution était la dernière qu'il prononçait sur le plan international avant l'élection présidentielle du 6 novembre prochain à laquelle il brigue un second mandat de quatre ans.
S'attaquer aux racines de la colère
Barack Obama a appelé mardi la communauté internationale à s'attaquer aux racines de la colère qui a explosé récemment dans les pays arabo-musulmans, qualifiant l'attaque meurtrière contre le consulat à Benghazi d'''attaque contre l'Amérique". Le président américain a exhorté le monde à choisir "entre les forces qui nous éloigneraient et les espoirs que nous portons en commun".
Dans son discours devant l'Assemblée générale des Nations unies à New York, Barack Obama a longuement rendu hommage à l'ambassadeur américain à Tripoli, Chris Stevens, tué le 11 septembre dernier dans l'attaque du consulat de Benghazi, dans l'est de la Libye, aux côtés de trois autres Américains. "Ces attaques ne sont pas seulement une agression contre l'Amérique mais aussi contre les idéaux sur lesquels les Nations unies ont été fondées", a rappelé le président américain, applaudi à plusieurs reprises.
Film "cruel et répugnant"
Au moins 51 personnes sont mortes dans le monde lors des violences liées aux manifestations contre le film islamophobe "Innocence of Muslims" ("innocence des musulmans") produit aux Etats-Unis à titre privé et qualifié de "cruel et répugnant" par Barack Obama.
Cependant, "aucun discours ne peut justifier cette violence stupide", a estimé le locataire de la Maison Blanche, mettant en avant la Constitution américaine qui garantit la liberté d'expression et "même des points de vue avec lesquels nous sommes profondément en désaccord".
Liberté d'expression
"Comme moi, la majorité des Américains sont chrétiens, et nous n'interdisons pas le blasphème contre nos croyances les plus sacrées", a observé le candidat sortant à la présidentielle. "En tant que président de notre pays et commandant de nos armées, j'accepte que les gens disent les pires choses sur moi chaque jour, mais je défendrai toujours leur droit de le faire".
"Pas plus que nous ne considérons que les violences de ces deux dernières semaines, ou les discours de haine de certains, représentent le point de vue de la majorité des musulmans, l'opinion de ceux qui ont réalisé la vidéo ne reflète pas celle des Américains".
agences/jgal
Iran fustigé, Palestine indépendante désirée
Plus largement, le président américain a martelé la détermination des Etats-Unis à empêcher l'Iran de se doter de l'arme nucléaire, un dossier qui a affaibli les relations entre Washington et Israël.
Téhéran doté de l'arme nucléaire "est un problème que nous ne pourrons pas maîtriser", a prévenu M. Obama. "Il menacerait d'élimination Israël, la sécurité des pays arabes, et la stabilité économique mondiale". "Et c'est pourquoi les Etats-Unis feront ce qu'ils doivent pour empêcher l'Iran d'obtenir une arme nucléaire", a assuré le président des Etats-Unis, qui a également évoqué la paix entre Israël et les Palestiniens.
"L'avenir ne doit pas appartenir à ceux qui tournent le dos à une perspective de paix". "La route est difficile mais la destination est claire: un Etat juif d'Israël en sécurité et une Palestine indépendante et prospère", a-t-il affirmé.
Le régime d'al-Assad doit "prendre fin"
Le président américain Barack Obama a affirmé mardi devant l'Assemblé générale de l'ONU que le régime de Bachar al-Assad devait "prendre fin" pour "que soit mis un terme aux souffrances de la population syrienne".
"L'avenir ne doit pas appartenir pas à un dictateur qui massacre son peuple", a-t-il lancé dans un discours à la tribune de l'assemblée. Il a estimé que le régime syrien devrait subir des "sanctions" s'il persistait à réprimer son opposition.
"S'il y a une cause qui doit susciter des protestations dans le monde aujourd'hui, c'est bien ce régime qui torture ses enfants et tire des roquettes dans les appartements", a-t-il ajouté.
La communauté internationale, a-t-il dit, doit "s'assurer que ce qui a commencé par des citoyens réclamant leurs droits ne se termine pas par un cycle de violences sectaires". "Nous devons nous tenir aux côtés des Syriens qui ont une autre vision" de leur pays.
Eveline Widmer-Schlumpf plaide pour une ONU "forte"
La présidente de la Confédération Eveline Widmer-Schlumpf a plaidé mardi devant l'Assemblée générale des Nations unies à New York pour une ONU "forte, moderne et efficace".
Elle a aussi évoqué la situation en Syrie, la réforme du Conseil de sécurité et le dixième anniversaire de l'adhésion de la Suisse à l'ONU devant l'assemblée onusienne mardi après-midi.
Dix-septième intervenante à s'exprimer, elle a rappelé que "l'ONU et la Suisse partagent les mêmes valeurs et poursuivent des objectifs communs" et rappelé que l'ONU "est plus importante que jamais et doit être au centre de la gouvernance internationale".
La Suisse ratifie trois traités
La Suisse a ratifié mardi à New York trois traités des Nations unies sur les privilèges et immunités, dont le plus important est lié à la Cour pénale internationale (CPI). Berne témoigne ainsi son engagement en faveur de l'universalité du droit international, selon le Département fédéral des affaies étrangères (DFAE).
Les deux autres traités concernent l'adhésion à la Convention du 13 février 1946 sur les privilèges et immunités des Nations Unies et à la Convention du 21 novembre 1947 sur les privilèges et immunités des institutions spécialisées de l'ONU, a indiqué mardi le DFAE dans un communiqué.
"Les privilèges et immunités prévus par ces trois traités multilatéraux portent sur des obligations que la Suisse a déjà contractées, d'une part en devenant partie aux organisations concernées, et d'autre part par les accords que la Suisse a déjà conclus", précisent les services du conseiller fédéral Didier Burkhalter.
La participation à ces traités facilitera la mise en oeuvre de ces obligations. Elle n'aura pas de conséquences pratiques directes, ajoute le DFAE.