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Chronologie des événements menant au procès du majordome de Benoît XVI

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Le procès de l'ex-majordome du pape Benoît XVI s'est ouvert samedi 29 septembre au Vatican. - [Gregorio Borgia]
Le Saint-Siège retient son souffle. Le procès du majordome de Benoît XVI débute ce samedi 29 septembre. L'homme est accusé d'avoir livré des documents confidentiels à la presse.

La première audience du procès de l'ex-majordome du pape a débuté samedi matin 28 septembre. Soupçonné d'avoir d'avoir livré à la presse des documents confidentiels, l'homme est jugé pour vol aggravé. Il risque aujourd'hui jusqu'à quatre ans de prison.

Ce procès public, une première pour le système judiciaire du Vatican, pourra être suivi en direct, grâce à un pool de huit journalistes sélectionnés par l'Etat pontifical.

L'audience de l'ex-majordome intervient après que des journaux transalpins ont publié début 2012 des documents mettant en cause le fonctionnement du Vatican. Rappel des faits.

2006

Recruté sous Jean-Paul II dans le service de nettoyage, l'accusé grimpe vite les échelons pour se retrouver au service et aux petits soins de Benoît XVI depuis son élection en 2005. C'est en 2006 qu'il devient officiellement majordome du pape. Toujours à ses côtés lors de ses voyages et déplacements, il était l’un des rares privilégiés à être en contact personnel et permanent avec Benoît XVI.

Novembre 2011 - janvier 2012

Le majordome rencontre le journaliste italien Gianluigi Nuzzi à de nombreuses reprises, sur territoire italien. Devant le juge, le majordome déclarera: «j’ai choisi la personne de Nuzzi pour la bonne impression qu’il m’a donnée après la publication de son premier livre, Vatican S.A.».

25 janvier 2012

Les quotidiens Corriere della Sera et Libero dévoilent des lettres adressées par Mgr Vigano, l’ancien secrétaire du gouvernorat, à Benoît XVI, dans lesquelles il accuse l’État du Vatican de mauvaise gestion et de malversations.

28 février 2012

Il Fatto quottidiano publie les fac-similés de deux lettres confidentielles mettant en cause le cardinal secrétaire d’État Tarcisio Bertone dans des tentatives de prise de contrôle de nombreuses institutions, dont l’hôpital Gemelli de Rome et plusieurs universités catholiques, ainsi qu’une maison d’édition et des propriétés immobilières.

25 avril 2012

La Secrétairerie d’État du Vatican annonce « la constitution d’une commission cardinalice ayant pleine autorité pour faire la lumière sur ces épisodes » .

20 mai 2012

Le livre de Gianluigi Nuzzi, "Sa Sainteté - Scandale au Vatican", est publié le 20 mai dernier en Italie. Il s'agit d'un véritable brûlot contenant des documents secrets sortis des tiroirs de Benoît XVI, fournis par une source issue de son entourage immédiat.

21 mai 2012

Le lendemain même de la parution du livre dans la Péninsule, le majordome est déjà dans l’oeil du cyclone, suspecté par le secrétaire particulier du Saint-Père, le prêtre Georg Gänswein, un ancien d’Ecône. Lors d’une réunion à la maison pontificale, il le pointe du doigt sans ménagement. Pour lui, l'accusé a eu en main au moins deux des lettres révélées dans le livre.

23 mai 2012

Le 23 mai, une perquisition au domicile du majordome lève les derniers doutes. Ce dernier est arrêté et écroué. On a retrouvé chez lui des dizaines de documents photocopiés ayant alimenté la bombe éditoriale de Gianluigi Nuzzi.

29 mai 2012

L'avocat du majordome, Carlo Fusco, affirme que son client "a promis de collaborer avec les enquêteurs". D'autre part, la justice italienne enquête également sur l'affaire: si le vol de correspondance dont Benoît XVI aurait été victime est avéré, le ou les coupables risquent trente ans de prison, la correspondance d'un chef d'Etat relevant d'une qualification criminelle très lourde.

Ralph Berger

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Qui est l'ex-majordome de Benoît XVI ?

L'accusé, laïc très croyant de 46 ans, père de trois enfants, citoyen et résident au Vatican, était jusqu’à son arrestation un fidèle serviteur de Joseph Ratzinger. En tant que majordome, il était le premier et le dernier à le voir chaque jour, lui préparant ses habits de cérémonie, lui servant ses repas.

Pendant des mois, il a subtilisé et photocopié des dizaines de documents sur le bureau du secrétaire particulier du pape, Mgr Georg Gänswein.

L’intéressé aurait expliqué aux magistrats qu’il a voulu «protéger le pape» et rendre «l’Eglise plus vivante». «J’étais certain qu’un choc notamment médiatique pouvait être salutaire pour remettre l’Eglise sur les rails», aurait-il déclaré.

Les acteurs du "Vatileaks"

Georg Gänswein, secrétaire particulier du pape
Supérieur direct de l'ex-majordome, cet Allemand de 56 ans est le seul témoin cité nommément à de nombreuses reprises. Alerté par la gendarmerie vaticane, il a confondu le majordome en mai.

Tarcisio Bertones, secrétaire d'Etat du Vatican
L’ancien archevêque de Gênes est la cible de nombreuses critiques dans les documents transmis à la presse dans le cadre du scandale "Vatileaks".

Gianluigi Nuzzi, journaliste d’investigation
Il est l’auteur de «Sa Sainteté - les documents secrets de Benoît XVI», qui a rassemblé une partie des lettres et fax ultrasecrets de "Vatileaks".

L'informaticien
Travaillant à la Secrétairerie d’Etat du Vatican, il a été arrêté le 25 mai, puis laissé dès le lendemain en liberté provisoire. Jugé pour complicité en même temps que l'ex-majordome, il a apparemment joué un rôle secondaire.

«W», «X» ET «B»
Désignés par des lettres, les deux premiers individus sont à ce stade des témoins et non des suspects. «B» est le père spirituel auquel le majordome avait remis une boîte avec le sceau du Vatican contenant des photocopies des documents subtilisés. Documents qu’il dit avoir brûlés.

Une enquête interne menée au Saint-Siège

Pour faire la lumière sur un éventuel complot à l’intérieur des palais apostoliques, une commission de trois cardinaux désignés par le pape a mené sa propre investigation avec la faculté d’interroger tous les employés du Vatican et les membres du clergé y compris les prélats.

Les conclusions de cette enquête interne n’ont pas été rendues publiques.

Mais Joseph Ratzinger semble vouloir aller jusqu’au fond des choses et faire, si nécessaire, le ménage au sein de la curie romaine.