Le secrétaire particulier de Benoît XVI, Mgr Georg Gänswein, sera appelé à la barre des témoins au procès du majordome du pape, ont décidé samedi les magistrats. Supérieur direct de l'ex-majordome, c'est lui qui, alerté par la gendarmerie vaticane, l'avait confondu en mai.
Mgr Gänswein, 56 ans, considéré par certains comme l'éminence grise du pape, était le seul témoin cité nommément à de nombreuses reprises dans la sentence de renvoi.
A l'issue d'une audience de plus de deux heures, consacrée essentiellement aux questions préliminaires des avocats, les magistrats ont fixé la prochaine audience au mardi 2 octobre.
Un procès public
L'ex-majordome du pape a comparu samedi devant ses juges au Vatican, dans un procès public, inédit dans l'histoire de l'Eglise catholique moderne. Il est poursuivi pour "vol aggravé" de documents confidentiels.
Jamais dans le système secret de l'Etat pontifical, il n'avait été possible de suivre en direct une affaire judiciaire. Mais la publicité des débats a été très strictement encadrée. Seul un "pool" restreint de huit journalistes a été admis dans la petite salle du tribunal où cinquante personnes peuvent tenir debout. Il leur est interdit d'utiliser enregistreurs, appareils photos ou caméras.
Le majordome, laïc très croyant de 46 ans, l'un des rares citoyens du plus petit Etat du monde, était un employé modèle, fidèle serviteur de Benoît XVI, qu'il était le premier et le dernier à voir tous les jours, lui préparant ses habits de cérémonie, lui servant ses repas.
Jusqu'à quatre ans de prison
Il est accusé d'avoir, pendant des mois, subtilisé et photocopié des dizaines de documents confidentiels du pape et de ses collaborateurs, divulgués ensuite dans un livre, sur fond de luttes de pouvoir présumées au sommet de l'Eglise. Un scandale que la presse italienne a surnommé "Vatileaks".
Le majordome a reconnu les faits. Lors de ses interrogatoires, il a expliqué qu'il avait agi pour révéler le "mal et la corruption" au sein du Vatican. Se pensant mandaté par "l'Esprit saint", il trouvait que le pape n'était pas suffisamment informé.
Arrêté le 23 mai dernier, il a passé 53 jours dans une cellule de la gendarmerie du Vatican, avant d'être placé fin juillet aux arrêts domiciliaires. Devant ses juges - trois magistrats laïcs -, il comparaîtra libre, sans être escorté de gendarmes.
Il risque entre quelques mois et quatre ans de prison. Le procès pourrait être assez rapide puisque l'homme a admis les faits. Et il pourrait à tout moment bénéficier d'une grâce papale.
Dans une interview, il avait estimé qu'une vingtaine de personnes "dans les différents organismes" du Vatican pouvaient avoir été impliquées dans "Vatileaks". Pour l'heure, un seul autre homme sera jugé à ses côtés, pour complicité: un informaticien, dont le rôle est jugé secondaire.
agences/rber