"Pour ce qui concerne le vol aggravé, je me déclare innocent. Je me sens coupable d'avoir trahi la confiance qu'avait placée en moi le Saint-Père que j'aime comme un fils", a déclaré l'ancien majordome du pape mercredi au cours de la deuxième audience du procès Vatileaks.
Ce proche du pape Benoît XVI, poursuivi pour vol de documents confidentiels, a également affirmé devant ses juges avoir agi seul, "sans complice". Il a toutefois reconnu avoir de nombreux "contacts" au Vatican, où il sentait un "mécontentement vaste et diffus".
Un livre à l'origine de l'affaire
C'était la première fois que le majordome donnait publiquement sa version des faits depuis son arrestation le 23 mai dernier. Il devait expliquer comment et pourquoi il s'était emparé de centaines de documents confidentiels du pape pour les transmettre au journaliste Gianluigi Nuzzi.
Ce dernier les avait ensuite publiés dans un livre, "Sua Santità" ("Sa Sainteté"), qui révèle intrigues et violentes animosités, en particulier à l'encontre du numéro deux du Vatican, le cardinal Tarcisio Bertone. La somme des documents saisis dans les appartements du majordome - au Vatican et à Castel Gandolfo - remplit pas moins de 82 cartons.
L'accusé risque jusqu'à quatre ans de prison, mais pourrait bénéficier d'une grâce papale.
L'accusé voulait remettre l'Eglise sur les rails
Devant les juges d'instruction, le majordome, père de famille de 43 ans et considéré jusque là comme un employé modèle, avait reconnu les faits. Il avait expliqué qu'il avait agi pour révéler le "mal et la corruption" au sein du Vatican. Se pensant mandaté par "l'Esprit saint", il trouvait que le pape n'était pas suffisamment informé et voulait remettre l'Eglise "sur les rails".
Dans une interview cachée, accordée dans l'obscurité à la télévision en février, l'ex-majordome avait affirmé qu'une vingtaine de personnes issues des arcanes du Vatican étaient impliquées dans Vatileaks. Mais pour l'heure, aucun autre nom n'a filtré, à l'exception de celui d'un informaticien, poursuivi pour "complicité".
Un procès très contrôlé
Lors de ce procès retentissant, qui s'est ouvert samedi, photos et caméras sont interdites - les seules images disponibles sont transmises par le Vatican.
Seul un pool très restreint de journalistes sont admis à l'intérieur du tribunal, situé derrière la basilique Saint-Pierre.