Le candidat républicain Mitt Romney, à l'aise et déterminé, est passé à l'offensive mercredi lors de son premier débat à Denver (Colorado) face au président sortant Barack Obama, donné favori dans les sondages à cinq semaines de l'élection présidentielle américaine.
"Le président a une vision très similaire à celle qu'il avait quand il s'est présenté il y a quatre ans: celle d'un gouvernement plus important, avec plus de dépenses, plus d'impôts, plus de régulations", a lancé le candidat conservateur, face à un Obama visiblement tendu, parfois distant.
Pendant une heure et demie, les deux hommes se sont affrontés sur leurs projets économiques dans un débat parfois technique, au coeur du campus de l'Université de Denver, où le public avait été appelé à la retenue par le journaliste Jim Lehrer, modérateur de ces grands rendez-vous depuis 1988.
Taux d'imposition en débat
Barack Obama, qui est arrivé à Denver avec une légère avance dans les sondages, a repris la matière de ses discours électoraux pour assurer que le plan de l'ancien gouverneur républicain du Massachusetts (nord-est) allait creuser le déficit de 5000 milliards de dollars supplémentaires.
"Le fait est que si vous baissez les taux d'impositions de la façon que vous décrivez, Monsieur le gouverneur, il ne sera pas possible, pour empêcher d'augmenter le déficit, de trouver suffisamment d'abattements et de niches fiscales qui affectent seulement les individus à hauts revenus", a-t-il expliqué.
"Trop de régulation"
Mitt Romney a affirmé que l'économie américaine avait suivi un "chemin infructueux" depuis le début de la présidence Obama, en janvier 2009, en affirmant que la classe moyenne avait été "écrasée", reprenant les mots-mêmes récemment prononcés par le vice-président Joe Biden dont les républicains se sont emparés.
Accusant le président d'attaques "inexactes" sur son projet, Romney, déterminé à prendre la main, a affirmé que l'économie avait "souffert" en raison d'une "régulation excessive".
Les messages sur Twitter de notre correspondant Eric Guevara-Frey, qui a suivi le débat:
Débat présidentiel à Denver: les messages de notre correspondant sur Twitter
agences/rber
Twitter en folie
Après trois-quarts d'heure de débat, sur Twitter les dix premiers "hashtags" étaient tous liés aux échanges parfois tendus entre le président démocrate et son concurrent républicain.
"Le débat de ce soir a été l'événement le plus tweeté de l'histoire politique américaine", a fait savoir le réseau social.
Romney vainqueur aux points
Un sondage CNN publié une heure après le débat a donné l'ancien gouverneur du Massachusetts vainqueur pour 67% des personnes interrogées, tandis que 25% d'entre elles estimaient que c'était le président sortant qui s'était le mieux sorti de l'affrontement de Denver au Colorado.
Une enquête CBS donnait elle aussi l'avantage à M. Romney. "Je ne pense pas qu'il y ait le moindre doute (...) Romney a gagné", affirme G. Terry Madonna, du Franklin and Marshall College, qui a suivi les débats présidentiels américains depuis 1960. "Il était plus dynamique, sans être provocateur ou combatif", selon cet expert.
En revanche, M. Obama, qui s'était isolé pendant deux jours pour se préparer, est apparu "un peu grognon et irrité, et il n'a pas semblé affûté, il n'a pas tapé très fort sur Romney", remarque Clyde Wilcox, professeur de sciences politiques à l'université de Georgetown.
Les principales déclarations
DÉPENSES
Obama: "Vous allez tailler à la hache dans nos investissements dans les écoles et l'éducation". "Concrètement, cela signifie une coupe de 30% dans les programmes pour les personnes âgées dans les maisons de retraite, pour les enfants handicapés, et ce n'est pas la bonne stratégie".
Romney: "Le président a une vision très similaire à celle qu'il avait quand il s'est présenté il y a quatre ans, celle d'un gouvernement plus important, avec plus de dépenses, plus d'impôts, plus de régulations".
SANTÉ
Obama: "L'ironie, c'est que nous avons vu ce modèle (d'assurance-maladie, ndlr) fonctionner vraiment bien au Massachusetts" (nord-est), un Etat gouverné par Mitt Romney de 2003 à 2007.
Romney: "Ne pas laisser le gouvernement fédéral dire (aux Etats) quel programme ils doivent suivre. Laisser les Etats faire".