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L'armée turque autorisée à intervenir en territoire syrien "si nécessaire"

La Turquie a déployé des troupes supplémentaires à la frontière syrienne. [AFP - Bulent Kilic]
La Turquie a déployé des troupes supplémentaires à la frontière syrienne. - [AFP - Bulent Kilic]
Damas s'est excusé après les tirs d'obus meurtriers qui ont frappé un village frontalier en Turquie mercredi. Le Parlement turc a quant à lui donné jeudi le droit à son armée de mener des opérations militaires en Syrie "si nécessaire".

Le Parlement turc a adopté jeudi une motion du gouvernement turc autorisant l'armée à conduire "si nécessaire" des opérations en Syrie. Le texte, d'une validité d'une année, a été voté par 320 députés contre 129 (sur 550 sièges) à l'Assemblée nationale, réunie depuis le matin en session spéciale à huis clos.

Quelque 5000 personnes ont manifesté "contre la guerre" à Istanbul.
Quelque 5000 personnes ont manifesté "contre la guerre" à Istanbul.

Manif "contre la guerre"

Sitôt la séance parlementaire levée, le vice-Premier ministre turc Besir Atalay s'est empressé de préciser que le texte voté ne donnait pas mandat au gouvernement de faire la guerre à la Syrie, ajoutant que la motion avait une vertu "dissuasive".

Le responsable gouvernemental a ajouté que la Syrie avait présenté ses excuses à la Turquie après les tirs d'obus qui ont tué cinq civils turcs et provoqué des bombardements de représailles turques sur des positions de l'armée fidèle au président Bachar al-Assad.

Cinq mille personnes ont défilé jeudi soir à Istanbul "contre la guerre", après la riposte de l'armée turque aux tirs syriens. Le slogan "Savasa hayir" ("Non à la guerre") a été le plus répété jeudi sur les comptes Twitter à travers le pays. La manifestation d'Istanbul s'est vite transformée en rassemblement contre le parti au pouvoir, l'AKP.

Tensions ravivées

Les tensions entre la Syrie et la Turquie ont connu une brusque escalade mercredi soir lorsque plusieurs obus ont frappé la localité turque d'Akçakale, située juste en face du poste-frontière syrien Tall al-Abyad, et tué cinq civils. Quelques heures plus tard, l'armée turque a bombardé en représailles plusieurs "cibles" situées en territoire syrien. (lire aussi: La Turquie bombarde des cibles en Syrie après des tirs d'obus meurtriers).

Ces bombardements, qui ont continué jeudi matin, ont tué plusieurs soldats syriens, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, qui s'appuie sur un vaste réseau d'informateurs. L'ONG basée en Grande-Bretagne n'a toutefois pas précisé le nombre de victimes dans les rangs de l'armée syrienne.

Condamnations internationales

Les tirs d'obus sur Akçakale sont l'incident le plus grave entre la Turquie et la Syrie depuis la destruction d'un avion turc par la défense antiaérienne syrienne en juin. Ils ont été fermement condamnés par l'OTAN et les Etats-Unis qui ont affiché leur solidarité avec Ankara, pays membre de l'Alliance atlantique.

L'Union européenne a aussi fermement condamné jeudi les tirs de l'armée syrienne sur le village frontalier turc d'Akçakale. Bruxelles a appelé "toutes les parties" à la retenue. La France va plus loin, demandant à Damas de cesser "ses actes de violence sans délai".

agences/dk

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La Turquie demande au Conseil de sécurité d'agir

Ankara a demandé mercredi en soirée au Conseil de sécurité des Nations unies de prendre "les mesures nécessaires" pour faire cesser "l'agression" syrienne.

"Ceci est un acte d'agression par la Syrie contre la Turquie", déclare l'ambassadeur de la Turquie auprès de l'ONU, Ertugrul Apakan, dans une lettre adressée au président du Conseil de sécurité, l'ambassadeur du Guatemala.

Les 15 membres du Conseil de sécurité devraient publier jeudi une déclaration condamnant vigoureusement ces tirs d'obus syriens.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a quant à lui demandé mercredi au gouvernement syrien de "respecter totalement l'intégrité territoriale de ses voisins".

Poursuite des combats près de Damas

Vingt et un membres de la force d'élite de la Garde républicaine ont été tués jeudi matin à Qoudsaya, dans la banlieue ouest de Damas, par une explosion suivie d'échanges de tirs, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

L'armée syrienne avait mené mercredi une offensive d'envergure dans cette banlieue, à Qoudsaya et al-Hama, deux bastions rebelles de l'Armée syrienne libre (ASL), composée de déserteurs et de civils ayant pris les armes.

Au total, au moins 123 personnes - 56 civils, 46 soldats et 21 rebelles - ont péri jeudi dans les violences à travers le pays, selon un bilan provisoire de l'OSDH, qui fait état d'un bilan de plus de 31'000 morts en 18 mois de violences.