L'utilisation intensive des drones dans les opérations de l'armée américaine est toujours plus critiquée. Une marche de protestation a rassemblé plusieurs milliers de personnes au Pakistan la semaine passée, mais les critiques se font aussi entendre aux Etats-Unis.
Les drones eux-mêmes ne sont pas secrets - notamment le Predator, l'un des deux modèles utilisés par les Américains. En revanche, une partie de ces missions sont secrètes - particulièrement celles dirigées par la CIA au Yémen, au Pakistan et en Somalie. Mais il n'y a pas de chiffres officiels puisque le gouvernement américain ne reconnaît pas publiquement l'existence de ces missions.
Des organisations indépendantes tentent de recouper les informations du terrain. Le "Bureau pour le journalisme d'investigation" à Londres tient un décompte mensuel. Pour le Pakistan, par exemple, il a comptabilisé 52 missions d'attaque menées par des drones américains pendant les huit années de la présidence de Georges W.Bush. Sous Barack Obama, on est déjà à presque 300 attaques!
Des engins efficaces pour les "assassinats ciblés"
Barack Obama avait promis de terminer les guerres en Irak et en Afghanistan. Mais le président américain a aussi promis de poursuivre la lutte contre Al-Qaïda et il a très vite saisi le potentiel des drones pour mener des "assassinats ciblés" contre des personnages-clé de la nébuleuse terroriste.
Les drones se montrent très efficaces et moins coûteux en ressources humaines et financières que des opérations militaires conventionnelles. Ils sont aussi moins risqués en termes humains: le sang américain coule moins, puisque puisque les appareils sont pilotés à partir de bases aux Etats-Unis. Les drones de la CIA sont même pilotés de Washington.
Un moyen contre-productif?
Plusieurs figures éminentes d'Al-Qaïda ont été ainsi tuées. Dans ces cas-là, l'ordre est même donné directement par Barack Obama, selon des enquêtes du New York Times et de l'agence AP. Mais une étude des Universités de Stanford et New York, parue en septembre, révèle que de nombreux civils meurent aussi dans les attaques. Elle souligne également que la pression psychologique est forte sur des populations survolées, parfois en permanence, par ces avions sans pilote. Les chercheurs avancent même que cela pourrait s'avérer contre-productif en accentuant le sentiment anti-américain sur place.
Différents groupes réclament la levée au moins partielle du secret sur ces opérations, afin qu'un débat démocratique puisse avoir lieu sur le sujet aux Etats-Unis. Mais le gouvernement américain et beaucoup de parlementaires voient les drones comme un "moindre mal nécessaire". Car même s'il y a des victimes civiles, c'est sans comparaison avec le bilan d'une guerre conventionnelle.
Eric Guevara-Frey/oang
Manifestation anti-drones au Pakistan
Une marche de protestation contre les tirs de drones américains a mobilisé plusieurs milliers de personnes au Pakistan.
Le convoi, composé de milliers de sympathisants de l'ancienne star du cricket Imran Khan et de quelques dizaines de militants occidentaux, était parti samedi d'Islamabad.
Les autorités pakistanaises ont bloqué dimanche la manifestation du parti de Khan, le Mouvement pour la justice, avant les zones tribales du nord-ouest du Pakistan.
Ces régions sont d'ordinaire interdites aux étrangers
Les zones tribales pakistanaises, des districts reculés et frontaliers de l'Afghanistan sont les principaux bastions des rebelles talibans et d'Al-Qaïda dans le pays.
Ils sont visés depuis 2004 par des centaines de tirs de drones.