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L'audience des accusés du 11 Septembre s'est ouverte à Guantanamo

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Avant leur transfert à Guantanamo en 2006, les cinq membres présumés d'Al-Qaïda ont été incarcérés dans des prisons secrètes de la CIA où ils ont subi des tortures. - [Brennan Linsley]
Les accusés du 11 Septembre, dont le Pakistanais Khaled Cheikh Mohammed, ont comparu lundi devant la justice militaire d'exception à Guantanamo, qui déterminera si le secret qui plane sur leurs déclarations doit être levé.

L'architecte auto-proclamé des attentats du 11 septembre 2001, le Pakistanais Khaled Cheikh Mohammed, alias KSM, et ses quatre co-accusés  ont comparu lundi sur la base américaine de Guantanamo pour la première fois depuis leur mise en accusation en mai, lors d'une nouvelle audience qui doit durer cinq jours.

Le juge militaire James Pohl devra déterminer s'il soumet au secret toutes leurs déclarations, portant notamment sur les tortures qu'ils disent avoir subies, au nom de la sécurité nationale, comme le demande le gouvernement, ou s'il assure la publicité et la transparence des débats comme le réclame la défense, soutenue par 14 médias et une association de défense des libertés civiles.

Victimes de tortures

Avant leur transfert à Guantanamo en 2006, le Pakistanais Khaled Cheikh Mohammed, qui a revendiqué "de A à Z" les attaques de 2001, et ses quatre acolytes, ont été incarcérés dans des prisons secrètes de la CIA où il est de notoriété publique qu'ils ont subi des tortures.

"Le gouvernement a déclassifié le fait que Khaled Cheikh Mohammed a été soumis à des techniques d'interrogatoire musclées après sa capture et à un traitement sévère, y compris 183 séances de simulation de noyade", a déclaré le capitaine Jason Wright, l'avocat de KSM, regrettant que le gouvernement cherche désormais à revenir en arrière.

Méthodes du gouvernement censurée

Onze des vingt-cinq recours qui doivent être examinés seront consacrés à la censure et à la classification de tout ce qui concerne les cinq détenus "de grande valeur", en vue de leur procès, qui ne s'ouvrira pas avant un an. Ils risquent la peine capitale.

"Les méthodes de notre gouvernement ne sont pas un livre ouvert", a estimé de son côté le procureur en chef, le général Mark Martins. Les accusés, qui sont détenus "légalement", ont connaissance de sources d'informations et de méthodes du gouvernement que nous ne pouvons pas nous "permettre de révéler au grand public", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse dimanche soir.

Embarras sur les erreurs commises

Pour James Connell, défenseur civil du Pakistanais Ammar al-Baluchi, un neveu de KSM, il est évident que la censure que le gouvernement veut imposer ici montre son "embarras sur les erreurs qui ont été faites" pendant les 4 ans et demi où les accusés étaient détenus au secret dans les "trous noirs" de la CIA.

Pour preuve, l'audience commencera par une séance à huis clos, croit savoir l'avocat, qui martèle que "le gouvernement n'est pas propriétaire de la voix de ceux qu'il a emprisonnés".

Quatorze organes de presse et l'Aclu protestent contre le différé de 40 secondes imposé systématiquement lors des débats à Guantanamo. Ce délai permet à un censeur de brouiller la retransmission des informations sensibles, y compris pour les journalistes et le public qui suivent l'audience derrière une paroi vitrée.

ats/aduc

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