A lire: Deuxième round très combatif entre Barack Obama et Mitt Romney
L'ATTITUDE: la volte-face d'Obama
De l'avis général, ce deuxième débat de 90 minutes a été infiniment plus disputé que celui du 3 octobre. Pour le New York Times, Barack Obama et Mitt Romney ont livré "l'un des affrontements les plus intenses dans un débat télévisé présidentiel avec des tensions, des interruptions, des reproches et des accusations personnelles de mentir". Se promenant sans cesse d'un côté à l'autre de la scène, ils ont prouvé qu'il leur reste plein d'énergie pour la dernière ligne droite, estime le Washington Post. On est loin de l'affrontement qualifié par tous de terne du premier débat.
Au facile "Barack is back" du Huffington Post à "La résurrection d'Obama" du Monde en passant par un laconique "Deuxième set, Obama" du Nouvel Observateur, les commentateurs estiment tous que le président sortant a nettement redressé la barre. Paraissant distrait, fatigué et décousu le 3 octobre à Denver, le démocrate a affiché "une posture ferme", selon le Times, étant "animé, confiant et clair" durant tout le débat pour The Guardian, qui a décortiqué les moments clés du débat avec des petites animations. "Obama a été frais, pugnace, l'exact opposé du président qui semblait avoir une jaunisse lors du premier débat", conclut le NouvelObs.
En face, "l'insoumis Romney était toujours là pour l'affrontement, semblant savourer la possibilité de contester le président en exercice", note le Times. Le républicain, qui avait déjà paru rajeuni et crédible lors du premier débat, n'a de loin pas faibli même s'il a parfois paru "décontenancé" selon CNN, qui estime aussi que les propos du républicain ont souvent été trop négatifs et qu'il a souvent fait preuve "plus de pétulance que de leadership".
L'ARGUMENTATION: le sortant passe à l'attaque
Barack Obama devait impérativement faire oublier son premier débat raté, où il s'était souvent contenté de répondre aux piques de son adversaire. Il est ainsi immédiatement passé à l'attaque, sans période d'observation, aux yeux du Figaro, accusant son adversaire républicain de "mentir allègrement". Et alors que Mitt Romney évoquait son "plan en cinq points" pour créer 12 millions d'emplois, il a ironisé sur un homme qui n'a selon lui qu'un plan "en un point", à savoir assurer" que les plus riches "aient des règles du jeu différentes". Le point fort du débat qui a permis au démocrate de prendre l'avantage, selon le Chicago Tribune.
Pour Le Monde, l'échange le plus vif de la soirée a eu lieu sur le dossier libyen. Et à Mitt Romney qui évoquait l'échec de la politique américaine actuelle au Moyen-Orient, Barack Obama a vite dénoncé des accusations "insultantes", tonnant que le républicain ne pouvait "transformer la sécurité nationale en affaire politique".
Mitt Romney a aussi voulu prendre de la distance avec son prédécesseur républicain George Bush, estime le New York Times, critiquant son bilan budgétaire et associant Barack Obama à ce désastre, estimant qu'il n'a "pas conduit l'Amérique au travail". "Nous avons moins de gens qui travaillent que quand il est arrivé au pouvoir". Le quotidien américain souligne ainsi que les attaques du républicain ont nettement moins fait mouche que lors de la première passe d'armes et qu'Obama s'est nettement mieux préparé pour rejeter les critiques de son rival. Die Zeit estime néanmoins que le républicain a gardé la main dans le domaine économique.
LES GAFFES: toujours le sans faute
Comme lors du premier débat, les observateurs ont évidemment scruté les éventuelles gaffes des deux candidats. Mais comme le 3 octobre, ils ont été obligés de ranger leur ironie dans leur poche. Mitt Romney ne s'est jamais départi de son sérieux et son sourire s'est fait toujours plus rare au fur et à mesure du débat. Barack Obama a lui paru détendu sans être laxiste. Un seul mini faux-pas a fait réagir sur Twitter, mais sans déchaîner les passions et les critiques (voir ci-dessous).
SUR TWITTER: moins d'échanges et une mini-polémique
Au cours du débat, les échanges sur Twitter n'ont cessé de monter en intensité pour atteindre au total 7,2 millions de commentaires. C'est moins que les 10,3 millions de tweets du premier débat.
Et ici aussi, les commentaires vont dans les deux directions, les partisans d'Obama applaudissant l'énergie du chef d'Etat sortant et ceux de Romney alignant les critiques sur un bilan qualifié de catastrophique.
C'est une déclaration de Romney concernant les femmes qui a fait le plus réagir la twittosphère, note encore Le Figaro en parlant de "dérapage infime". Se vantant d'oeuvrer pour la parité, le républicain a évoqué des "classeurs… pleins de femmes" au lieu de "classeurs pleins de CV de femmes". Un compte Twitter "romney-classeurs" a été immédiatement créé, rassemblant vite des milliers d'abonnés. Mais au-delà de la blague, la question des femmes pourrait peser négativement dans la balance pour Romney, prédit CNN.
LES SONDAGES: Obama complètement relancé
Si Barack Obama n'a de loin pas écrasé son rival lors de ce deuxième débat, il n'en a pas moins nettement redressé la barre aux yeux des sondages. En effet, si chacun des deux camps a revendiqué la victoire à l'issue du débat, un sondage de CNN révèle que 46% des Américains estiment que Barack Obama en est sorti vainqueur, contre 39% à Mitt Romney. Les sondés sont 73% à avoir trouvé le président "meilleur" que lors de sa prestation précédente.
Lors du premier débat, 67% des personnes interrogées avaient jugé le républicain meilleur, contre 25% à Barack Obama.
LE BILAN: "VIVEMENT LE 22 OCTOBRE!"
"Obama a été aussi bon à Hempstead qu'il avait été mauvais à Denver": CNN résume ce deuxième débat présidentiel. On est loin du "Romney wins the night" du 3 octobre. Presque d'une seule voix, les médias, qui avaient tous salué la victoire de Romney il y a deux semaines, se rejoignent cette fois pour applaudir un président retrouvé.
Mais Mitt Romney n'a de loin pas semblé dépassé, en attaquant constamment le bilan de son adversaire, ne se démontant jamais, mais ne parvenant pas à conquérir une deuxième victoire déterminante, pour le Los Angeles Times.
Et Libération de conclure que cette passe d'armes n'a de loin pas changé la donne, que la course reste très ouverte et que le prochain débat de lundi prochain sera décisif. La date du 22 octobre est déjà dans tous les agendas et c'est véritablement là que l'un ou l'autre des candidats devra sortir ses meilleures cartouches.
Frédéric Boillat