La chancelière Angela Merkel a défendu jeudi l'idée de confier au commissaire européen aux Affaires économiques un droit de veto sur les budgets nationaux des Etats membres, dans un discours devant le Bundestag, alors que le sommet de l'UE début jeudi.
Un droit d'ingérence européen sur les budgets nationaux
"Nous pensons, et je le dis au nom de l'ensemble du gouvernement allemand, que nous pourrions faire un pas en avant en accordant à l'Europe un véritable droit d'ingérence sur les budgets nationaux quand ils ne respectent pas les limites fixées pour la stabilité et la croissance", a déclaré Angela Merkel.
La chancelière appuie ainsi l'idée de confier un droit de veto dans ce domaine au commissaire européen aux Affaires économiques.
"Quand nous aurons un mécanisme capable de déclarer non valide un budget (...) nous serons alors au point où nous aurions bien sûr besoin de quelqu'un au sein de la Commission qui aurait autorité en la matière et il n'y a que le commissaire aux Affaires économiques qui peut faire cela", a-t-elle dit.
"Une Europe crédible"
"Je sais que de nombreux Etats membres ne sont pas encore prêts à cela, malheureusement (...) mais cela ne change rien au fait que nous allons nous battre pour cela", a-t-elle déclaré, très applaudie. Elle s'en est pris à ceux qui ont immédiatement rejeté cette idée exprimée récemment par le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble.
"Je suis étonnée que à peine quelqu'un fait-il une proposition pour améliorer la crédibilité (de l'Europe) aussitôt on crie 'ça ne va pas, l'Allemagne s'isole, on ne le fera pas'. Ce n'est pas ainsi que nous construirons une Europe crédible", a-t-elle souligné.
agences/char
La Grèce en grève contre l'austérité
La Grèce tourne au ralenti jeudi à la suite d'un appel à la grève générale des syndicats, le quatrième de l'année. Le mouvement a été lancé pour protester contre l'austérité, le jour où se réunissent à Bruxelles les dirigeants européens, membres de la troika des bailleurs de fonds de la Grèce.
Les services publics et les transports sont fortement perturbés, avec des trains et des ferries supprimés, ainsi que des vols annulés, les deux principaux syndicats GSEE et Adedy souhaitant envoyer le message qu'une troisième année consécutive de coupes budgétaires massives ne pourra pas être supportée par les Grecs, alors que le pays plonge dans la récession-dépression.
"L'euro incarne l'union politique en Europe"
Dans un discours d'une quarantaine de minutes, visant à présenter les positions allemandes avant le sommet de l'UE qui débute jeudi après-midi, la chancelière a essentiellement répété une vision de la crise financière et de ses solutions déjà exprimée à plusieurs reprises, insistant sur l'équilibre nécessaire entre discipline et solidarité.
Elle a de nouveau salué le prix Nobel de la paix accordé à l'Union européenne, y voyant un signal "tellement important" en pleine crise de l'euro. "L'euro incarne l'union politique en Europe", a-t-elle répété.
Angela Merkel a insisté sur les erreurs commises à la création de la monnaie unique, qui n'a pas été accompagnée des instruments nécessaires à une plus forte intégration politique, et sur les problèmes de compétitivité de plusieurs pays européens. Elle a estimé que résoudre ces faiblesses structurelles serait un long processus.
Les réformes des pays du sud saluées
La chancelière a de nouveau salué les réformes des pays du sud, notamment en Grèce et en Espagne. "On a demandé beaucoup aux populations de ces pays mais les mesures de réforme commencent à donner de bons résultats", a-t-elle dit, soulignant qu'il fallait poursuivre dans cette direction. "Seules les réformes de structure créent une croissance durable et de l'emploi".
Elle a néanmoins salué l'importance du pacte de croissance qui complète le pacte budgétaire européen et a promis la solidarité "qui va main dans la main avec les conditions (de rigueur) imposées" aux pays en crise.