Le sommet européen sur l'avenir de l'union monétaire s'est ouvert jeudi à Bruxelles, sur fond de bras de fer entre Paris et Berlin. Les travaux réunissant les dirigeants des 27 pays membres de l'Union européenne (UE) doivent durer deux jours. Signe des tensions entre Paris et Berlin, François Hollande et Angela Merkel ont eu un entretien bilatéral juste avant le début du sommet, pour tenter d'aplanir leurs différends.
Le président français et la chancelière allemande sont ensuite arrivés ensemble, et quasiment les derniers, dans la salle du Conseil européen. Le chef de l'Etat français a également rencontré en aparté le chef du gouvernement italien, Mario Monti.
"Le sujet, c'est l'union bancaire"
"Le sujet du Conseil, ce n'est pas l'union budgétaire, c'est l'union bancaire", a assuré François Hollande. "Donc la seule décision que nous avons à prendre, c'est la mise en place de l'union bancaire d'ici la fin de l'année, et notamment la première étape qui est la supervision bancaire", a-t-il ajouté.
Le président français réagissait à une déclaration d'Angela Merkel jeudi matin devant les députés allemands, dans laquelle elle a défendu l'idée de renforcer l'union budgétaire en confiant au commissaire européen aux Affaires économiques un droit de veto sur les budgets nationaux des Etats membres (lire aussi: Angela Merkel veut que l'UE puisse rejeter le budget d'un Etat membre).
Plutôt qu'un "super-commissaire", le chancelier social-démocrate autrichien, Werner Faymann, a dit préférer "des super-propositions avec de vraies mesures pour essayer de lutter contre le chômage". Il existe déjà "assez d'instruments pour assurer la discipline budgétaire" européenne, a renchéri le premier ministre conservateur tchèque Petr Necas.
Des discussions animées en vue
Les déclarations du président français sont aussi une pierre dans le jardin du président de l'UE, Herman Van Rompuy, qui a fait des propositions pour approfondir l'Union économique et monétaire, notamment celle d'un budget central de la zone euro. Mais quand bien même les discussions se concentreraient sur la supervision bancaire, elles promettent d'être animées, tant les désaccords sont nombreux sur ce point.
L'Allemagne freine la mise en place de ce mécanisme adossé à la Banque centrale européenne (BCE), quand Paris pousse à avancer "le plus vite possible", comme la Commission européenne qui espère toujours un accord d'ici à la fin de l'année. "Nous allons encore une fois insister sur le fait que nous voulons travailler très vite, et également en profondeur", a déclaré Angela Merkel qui a souligné que ce ne sera "pas un sommet où nous prendrons des décisions".
ats/jgal
Les problèmes en suspens
Au nombre des problèmes qui peinent à trouver des solutions, figurent le nombre des banques concernées et la manière dont les pays ne faisant pas encore partie de la zone euro pourront exercer un droit de regard.
"Si une banque est en difficulté, qui va payer? C'est ce que les marchés veulent savoir ainsi que mes contribuables car ils ne veulent pas couvrir les pertes des systèmes bancaires d'autres nations", a lancé le premier ministre suédois, le conservateur Fredrik Reinfeldt.
La question de la supervision bancaire est sensible parce qu'elle est la condition pour qu'une recapitalisation directe des banques par le nouveau pare-feu de la zone euro voie le jour. Le mécanisme doit empêcher à l'avenir que les crises bancaires ne se transforment en crise de la dette. En revanche, sauf coup de théâtre, ni l'aide à l'Espagne ni la crise grecque ne devraient donner lieu à des décisions.
Les dirigeants européens au Nobel
Le président de l'UE, Herman Van Rompuy, a invité jeudi les 27 dirigeants européens à se rendre en Norvège pour chercher le prix Nobel de la paix décerné la semaine passée à l'Union européenne.
La récompense sera remise le 10 décembre à Oslo lors d'une cérémonie. Ce Nobel est "un immense honneur pour nos pays, nos institutions et par-dessus tout pour nos citoyens", a affirmé Herman Van Rompuy, sur son compte Twitter, juste après l'ouverture d'un sommet européen à Bruxelles.
"Jusqu'ici, les présidents de la Commission européenne José Manuel Barroso, du Conseil européen Herman Van Rompuy et du Parlement européen Martin Schulz, devaient aller chercher le prix Nobel de la paix.
Manifestations endeuillées en Grèce
Des dizaines de milliers de Grecs ont défilé jeudi à Athènes et Salonique contre l'austérité imposée par les bailleurs de fonds de la Grèce. Le défilé a totalisé quelque 25'000 personnes selon la police, bien plus du double selon les médias.
Il a été endeuillé par le décès d'un manifestant sexagénaire victime d'une crise cardiaque et émaillé de violences. Trois autres personnes ont été blessées. Une cinquantaine de manifestants soupçonnés d'avoir attaqué la police ont été interpellés.
Les syndicats ont pris date avec ceux du Portugal et d'Espagne pour de nouvelles grèves et manifestations le 14 novembre.