Les députés français ont voté vendredi la taxe à 75% sur les très hauts revenus, annoncée par François Hollande pendant sa campagne présidentielle et décriée par la droite comme une mesure "symbolique" qui va "très peu rapporter".
Cette contribution vise pendant deux ans les revenus d'activité supérieurs à un million d'euros -soit environ 1,2 million de francs suisses- par an et par contribuable. Elle doit toucher environ 1500 personnes, qui paieront en moyenne 140'000 euros à ce titre, pour un gain estimé à 210 millions d'euros par an.
"Chacun selon ses moyens"
Le ministre du Budget, Jérôme Cahuzac, a assuré que cette contribution "légitime" n'était "pas confiscatoire". "Chacun doit contribuer selon ses moyens" à l'effort demandé aux Français. "Pourquoi une taxation exceptionnelle pendant deux ans? Parce que c'est le temps du redressement", a-t-il ajouté.
agences/jgal
Cure de rigueur historique en 2013
En 2013, les Français doivent être soumis à une cure de rigueur historique pour ramener le déficit public à 3% du PIB, au prix d'un effort sans précédent de 36,9 milliards d'euros dont 24 milliards de hausses d'impôts, selon le projet de budget, actuellement discuté à l'Assemblée nationale.
Le texte prévoit 20 milliards d'euros de prélèvements supplémentaires (10 sur les ménages, 10 sur les entreprises), auxquels s'ajoutent 4,4 milliards déjà votés durant l'été, ainsi que 10 milliards d'économies sur les dépenses de l'Etat et 2,5 milliards sur les dépenses d'assurance maladie.
Le risque d'exil fiscal s'accroît
Depuis l'arrivée des socialistes au pouvoir en France, après l'élection de François Hollande en mai, de nombreuses voix à droite et au sein du patronat ont mis en garde contre le risque d'exil fiscal des plus fortunés.
Au début du mois, la présidente du patronat français, Laurence Parisot, n'a pas hésité à évoquer "une situation extraordinairement grave". Selon elle, il y a un "risque de départ massif des investisseurs et des chefs d'entreprise" vers des cieux fiscalement plus cléments. En général, la Belgique, la Suisse ou le Royaume-Uni.
En juin, le Premier ministre britannique David Cameron s'était dit prêt à accueillir les contribuables français qui fuieraient l'impôt, après avoir rappelé qu'il avait au contraire abaissé l'imposition des très hauts revenus en Grande-Bretagne.
Une mesure décriée à droite
"Cela permettra aux membres du gouvernement de pouvoir aller à la télé le dimanche soir pour dire 'regardez, nous taxons les riches avec cette fiscalité à 75%'. Tout le monde sait bien que cela ne rapportera rien et que cela va faire fuir une partie de ceux qui gagnent cet argent-là", a lancé l'ancien ministre de droite du Logement Benoist Apparu.
Pour son collègue Eric Woerth, ex-ministre du Budget de Nicolas Sarkozy, "75% est un taux punitif" et "le paradoxe très fort: on va taxer énormément une petite catégorie de gens, ce qui va rapporter très peu et sans doute faire partir certains" contribuables.