Des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue samedi à Londres et dans d'autres villes britanniques pour dire non à la politique d'austérité du gouvernement, déterminé malgré son impopularité grandissante à poursuivre cette cure de rigueur afin de réduire les déficits.
Pompiers, infirmières, enseignants, jeunes sans-emploi, militants ou représentants de l'opposition: des manifestants de toute origine ont défilé côte à côte pendant plusieurs heures dans la capitale, mais aussi à Glasgow (Ecosse) et à Belfast (Irlande du Nord), autour d'un même mot d'ordre: "non aux coupes budgétaires".
A Londres, une grande banderole bleue ouvrait le cortège avec l'inscription : "l'austérité est un échec", une critique récurrente de l'opposition qui accuse la politique de rigueur d'entraver la reprise.
Plus de 250 cars pour Londres
Certains s'étaient munis de gros ballons multicolores, d'autres brandissaient des panneaux d'interdiction de stationner avec la mention "Non aux coupes". "Dehors les Tories", proclamaient d'autres banderoles à l'adresse du gouvernement du conservateur David Cameron.
Plus de 250 cars avaient été affrétés pour amener les manifestants à Londres. Le secrétaire général de la confédération syndicale TUC Brendan Barber s'est félicité de cette mobilisation qui envoie "un message très fort".
Ni les syndicats, ni la police n'ont toutefois fourni d'indications précises sur l'importance du défilé. Les organisateurs ont simplement déclaré que la police leur avait communiqué le chiffre d'au moins 100'000 manifestants.
La mobilisation n'a cependant pas atteint l'ampleur du grand rassemblement contre l'austérité de mars 2011 qui avait réuni entre 250'000 et 500'000 personnes, selon les diverses estimations, dans un pays peu coutumier des très grandes manifestations sociales.
"Des coupes budgétaires nécessaires"
Prenant la parole à Hyde Park, un grand parc du centre de Londres, le dirigeant travailliste Ed Miliband a accusé le Premier ministre conservateur David Cameron de "faire des coupes trop importantes et trop rapides". Un dirigeant syndical a aussi appelé à l'organisation d'une grève générale de 24 heures.
"Aujourd'hui, Ed Miliband a pris la tête d'une manifestation demandant de revenir sur la moindre des coupes budgétaires dont nous avons besoin pour venir à bout des déficits", a contre-attaqué le Premier ministre sur Twitter.
David Cameron paye toutefois au prix fort sa détermination à apurer les comptes publics: les travaillistes sont largement en tête dans les sondages, malgré le manque de popularité de leur leader.
afp/olhor
Cures de rigueur à répétition
Depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement britannique a présenté trois budgets d'austérité consécutifs, faisant de l'assainissement des finances publiques sa priorité.
Malgré sa chute dans les sondages face aux travaillistes et le fait que l'économie britannique soit retombée en récession, le Premier ministre a annoncé début octobre un nouveau de vis budgétaire, avec de nouvelles coupes draconiennes de 10 milliards de livres (12 milliards d'euros) dans les dépenses sociales.
L'Italie dans la rue pour l'emploi
Des milliers de manifestants se sont rassemblés samedi dans le centre de Rome à l'appel de la CGIL, la principale confédération syndicale d'Italie. Ils dénonçaient les suppressions d'emplois, les fermetures d'usines et la politique d'austérité menée par le gouvernement de Mario Monti.
Des employés de tous les secteurs de l'industrie se sont massés devant la basilique Saint-Jean de Latran en tenant à la main des ballons rouges et en brandissant des banderoles où on lisait notamment "Monti, va t'en !".
Au même moment, Mario Monti a défendu sa politique lors d'une conférence agricole à Cernobbio (nord). Il a parlé de "quelques mois, juste quelques mois qu'il nous reste avant que nous commencions à constater des signes clairs de reprise."
"J'espère qu'un jour nous pourrons dire que grâce à nous l'Italie n'a pas été colonisée par l'Europe et a maintenu sa digne souveraineté dans une Europe en constante intégration", a-t-il déclaré.