A la demande du gouvernement français, le HCB rendait ses conclusions sur l'étude du professeur Gilles-Eric Séralini sur les risques accrus de tumeurs mammaires et d'atteintes hépato-rénales pour les rats nourris avec du maïs transgénique NK603, associé ou pas au Roundup.
Le HCB estime que "les conclusions d'effets délétères de la consommation de maïs NK603 ne sont pas soutenues par l'analyse des résultats présentés dans l'article", publié dans la revue scientifique "Food and chemical toxicology" le 19 septembre.
Le Haut conseil, qui statue sur les risques sanitaires et environnementaux des plantes génétiquement modifiées, estime donc que "cet article ne remet pas en cause les conclusions des évaluations précédentes sur cet OGM", qui avaient conclu à l'inocuité du produit.
Pas de lien scientifique
L'Anses, elle aussi saisie par le gouvernement, note "l'originalité" de l'étude du Pr Séralini "qui aborde un sujet jusqu'ici peu étudié: celui des effets à long terme des OGM associés aux préparations phytopharmaceutiques".
Elle souligne "le nombre limité de publications traitant des effets potentiels à long terme d'une consommation d'OGM associés à des pesticides". Mais les recherches du scientifique français "ne permettent pas de remettre en cause les évaluations réglementaires précédentes sur le maïs NK603 et le Round-up", estime l'Anses.
Pour l'Agence, "la faiblesse centrale de l'étude réside dans le fait que les conclusions avancées par les auteurs sont insuffisamment soutenues par les données (qui) ne permettent pas d'établir scientifiquement un lien de cause à effet entre la consommation du maïs OGM et/ou de pesticide et les pathologies constatées."
agences/gchi
Paris veut une remise à plat
Le gouvernement français souhaite une "remise à plat du dispositif européen d'évaluation, d'autorisation et de contrôle des OGM et des pesticides", a annoncé lundi le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll.
Mais sur la base des conclusions de l'Anses et du HCB, "il n'y a pas lieu de revenir sur les autorisations accordées au maïs NK603 et à l'herbicide Roundup", poursuit-il.
En revanche, "le gouvernement retient la proposition formulée par l'Anses de renforcer les études sur les effets à long terme de la consommation des OGM et des pesticides".
Le scientifique favorable à une interdiction
Le scientifique français auteur de l'étude controversée sur le maïs OGM NK603 produit par Monsanto s'est déclaré favorable à l'interdiction de ce maïs en attendant les résultats d'une nouvelle étude demandée par le HCB.
"Mais aujourd'hui, l'enjeu est un enjeu de santé publique. Une étude de deux ans, ça prend quatre ans à mettre en place et à analyser, et pendant ces quatre ans, qui va encore être malade ou mourir à cause de ces produits mal évalués?", a-t-il ajouté.
"Entretemps, on doit interdire" le maïs NK603 produit par Monsanto et sur lequel ont porté les travaux de son équipe
La réaction du Pr Gilles-Eric Séralini
Le Pr Gilles-Eric Séralini, auteur de l'étude controversée sur la toxicité d'un maïs génétiquement modifié (OGM), a demandé lundi que les études de Monsanto soient publiées et "décortiquées" comme les siennes, après les avis négatifs des autorités sanitaires françaises sur son travail.
"Les études de Monsanto qui ont permis des mises sur le marché sont gardées secrètes tandis que les nôtres, on les décortique jusqu'à la moelle. Moi, mes tests, pour l'instant ils n'ont servi ni à l'autorisation ni à l'interdiction des produits", a déclaré l'universitaire lors d'une conférence de presse à Caen (ouest).
"Qu'on arrête un peu de rigoler aujourd'hui et qu'on sorte des tiroirs les produits et les façons dont ils ont été évalués. Qu'on arrête de jouer à cache cache", a ajouté le professeur, dont une étude controversée a conclu à la toxicité du maïs NK 603.