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Six ans de prison pour des scientifiques qui ont sous-estimé un séisme en Italie

La salle d'audience de L'Aquila a été assaillie par les journalistes. [FILIPPO MONTEFORTE]
La salle d'audience de L'Aquila a été assaillie par les journalistes. - [FILIPPO MONTEFORTE]
Accusés de s'être trompés dans leurs estimations des risques avant le séisme de L'Aquila, qui avait fait plus de 300 morts en 2009, sept scientifiques ont été condamnés lundi à six ans de prison par le tribunal de cette ville des Abruzzes en Italie.

Les scientifiques italiens, accusés d'avoir sous-estimé les risques avant le séisme meurtrier de L'Aquila en 2009, ont été condamnés lundi à six ans de prison pour "homicide par imprudence" par le tribunal de la ville.

Fin septembre, le parquet avait requis quatre ans de prison contre les sept membres de la Commission italienne "grands risques": six experts des séismes et le sous-directeur de la Protection civile, Bernardo De Bernardinis.

Vue aérienne de la ville de L'Aquila après le séisme. [AP Photo/Guardia Forestale]
Vue aérienne de la ville de L'Aquila après le séisme. [AP Photo/Guardia Forestale]

Traumatisme en Italie

La défense avait réclamé leur acquittement, arguant du fait qu'aucun scientifique ne peut prévoir un tremblement de terre. Le séisme du 6 avril 2009, qui avait ravagé la ville, faisant plus de 300 morts et des dizaines de milliers de sans-abri, reste un traumatisme en Italie.

"Je suis découragé, désespéré. Je pensais être acquitté, je ne comprends toujours pas de quoi je suis accusé", a commenté Enzo Boschi, jusqu'à récemment président de l'Institut national de géophysique et vulcanologie (INGV).

Données trop rassurantes

La commission "grands risques" s'était réunie à l'Aquila six jours avant le séisme et aucune mesure particulière de précaution n'avait été prise à son issue.

Le parquet a reproché aux experts d'avoir donné des informations trop rassurantes à la population, qui aurait pu prendre des mesures pour se protéger. Après la réunion de L'Aquila, Bernardo De Bernardinis avait ainsi affirmé à la presse que l'activité sismique de la zone ne constituait "aucun danger".

Les sept condamnés sont en outre condamnés à verser solidairement 9,1 millions d'euros de dommages-intérêts aux parties civiles et à rembourser les frais de justice. Ils resteront toutefois en liberté jusqu'à la fin de l'éventuelle procédure d'appel et de cassation.

agences/vtom

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La communauté scientifique "choquée"

Plusieurs scientifiques européens se sont dit "choqués" par la condamnation infligée à leurs collègues italiens, voyant dans ce jugement "un précédent très dangereux".

"Nous sommes profondément préoccupés, ce n'est pas juste la sismologie qui a été jugée, mais toute la science", a estimé Charlotte Krawczyk, présidente du département de sismologie de l'Union européenne des Géosciences (GSU).

Roger Musson de la revue britannique de géologie (British Geological Survey, BGS) trouve ce jugement "incroyable".

Cette condamnation va "refroidir sérieusement non seulement les sismologues, mais toute la communauté scientifique, les chercheurs vont devenir extrêmement prudents s'ils doivent donner une opinion", a-t-il averti.