"C'est une affaire d'une profonde gravité et on ne peut s'y pencher qu'avec un sentiment d'horreur", a déclaré le nouveau directeur général de la BBC, George Entwistle, entendu devant la commission médias de la Chambre des Communes à propos des accusations d'abus sexuels commis par l'un des animateurs de la chaîne décédé en 2011.
Le Premier ministre britannique, David Cameron, a jugé lundi que la BBC devait s'expliquer clairement, à la fois sur l'affaire Savile et sur son traitement éditorial par la chaîne.
Idole des adolescents
"Il n'y a aucun doute sur le fait que (...) la culture et les pratiques de la BBC semblent avoir permis à Jimmy Savile d'agir comme il l'a fait, et ceci soulèvera des questions sur la confiance et la réputation dont nous bénéficions. Il n'y a aucun doute là-dessus", a admis George Entwistle devant dix députés, membres de la commission parlementaire pour la culture, les médias et les sports.
George Entwistle, qui a pris ses fonctions voici un mois, mais qui compte 23 ans d'ancienneté à la BBC, s'est inquiété du fait que "ces activités se sont poursuivies pendant si longtemps sans être détectées". Il a admis "un problème culturel" appartenant au passé à la BBC, au temps où Jimmy Savile était une véritable idole pour les adolescents, lui qui était au faîte de sa gloire dans les années 60-80, mais aussi un philanthrope qui a contribué à recueillir des millions de livres sterling dans le cadre d'activités caritatives.
D'autres vedettes impliquées?
Prié de dire par l'un des députés si les abus sexuels d'enfants et de jeunes femmes étaient une pratique très répandue à la BBC, George Entwistle, a répondu: "Je ne dispose pas de toutes les données pour savoir si c'était endémique." Mais dans l'entreprise, les langues commencent à se délier.
D'anciens collègues de Jimmy Savile ont indiqué que les rumeurs sur le goût de l'animateur pour les très jeunes filles circulaient depuis longtemps. D'autres ont évoqué une véritable "culture d'entreprise" à la BBC, où les femmes échappaient difficilement aux attouchements. Ils ont ajouté que Jimmy Savile n'était pas la seule vedette de la chaîne a être impliquée dans ces pratiques.
ats/afp/vtom
Six décennies d'abus sexuels sur mineurs
Jimmy Savile, décédé en 2011 à 84 ans, a animé durant longtemps sur la BBC l'émission musicale "Top of the Pops" et "Jim'll Fix it", un talk-show très populaire.
Il est accusé d'avoir abusé sexuellement de mineures pendant près de six décennies. Certaines jeunes filles, agressées parfois dans les locaux de la BBC, avaient 12 ans.
La police enquêtant sur l'affaire Savile a indiqué que plus de 200 victimes potentielles de l'animateur s'étaient fait connaître.
L'affaire, qui fait grand bruit en Grande-Bretagne, a provoqué lundi la mise à l'écart d'un rédacteur en chef qui avait empêché l'année dernière la diffusion d'un sujet sur Jimmy Savile.