ESPAGNE
L'Espagne, envahie par les piquets de grève, vit mercredi au ralenti pour sa deuxième grève générale de l'année, convoquée comme dans plusieurs autres pays d'Europe pour protester contre l'austérité, le chômage et la précarité qui suscitent une colère populaire grandissante.
Dans la nuit, les piquets de grève agitant les drapeaux des deux grands syndicats espagnols, UGT et CCOO, ont pris place dans Madrid et les autres grandes villes du pays, prenant position aux portes des usines, des commerces, des marchés de gros ou des gares pour appeler les salariés à rejoindre le mouvement.
En milieu de journée, des affrontements ont éclaté lorsque des centaines de manifestants se sont heurtés à un cordon de policiers qui leur bloquait l'accès à la place de Cibeles, en plein centre de la capitale espagnole.
Très vite, d'autres manifestants déjà sur la place sont venus encercler les policiers qui ont chargé et tiré en l'air des balles en caoutchouc pour se dégager, avant de disperser les manifestants à coups de matraque dans les rues alentour.
A Barcelone, la deuxième ville du pays, des groupes de syndicalistes ont brûlé des pneus aux portes du marché de gros, le Mercabarna, tandis qu'à Madrid, des centaines des jeunes ont défile dès minuit au son des cornes de brume et des sifflets, bloquant des artères de la capitale, obligeant les magasins encore ouverts à fermer.
Deux manifestations sont en outre convoquées à Madrid en fin de journée, l'une par les syndicats et l'autre par la mouvance des "indignés", témoin de l'exaspération face à la pauvreté grandissante, aux expulsions de propriétaires surendettés, aux milliards d'euros engloutis dans l'aide aux banques.
Au total, 82 personnes ont été interpellées et 34 blessées dans des incidents isolés dans tout le pays.
PORTUGAL
Au Portugal, la grève générale a débuté à minuit à l'aéroport de
Lisbonne
, entraînant l'annulation d'au moins 45% des vols de la compagnie portugaise TAP.
Le pays tournait également au ralenti, avec les trains, les avions et les métros presque tous à l'arrêt, lors de cette journée convoquée par la CGTP pour protester contre les mesures d'austérité du gouvernement de droite.
"La troïka ne commande pas ici", "Dehors, dehors, la faim, la misère et le FMI", "La rue est à nous, pas la dette", ont notamment scandé des manifestants dans la capitale.
ITALIE
Une grève de quatre heures et des manifestations se déroulaient mercredi dans toute l'Italie à l'appel de la principale confédération syndicale.
Dans les principales villes du pays, des milliers de personnes ont pris part à des manifestations et cortèges. Un policier a été grièvement blessé à Turin et cinq autres plus légèrement à Milan dans des heurts en marge des manifestations.
Les affrontements les plus sérieux ont eu lieu à Turin, devant le siège du département, où des autonomes ont roué de coups un policier, brisant son casque et lui cassant un bras.
A Milan, les affrontements se sont produits surtout dans la zone de la gare de Porta Genova où des étudiants ont lancé des pierres et bouteilles sur les forces de l'ordre qui tentaient de les en déloger.
A Naples, quelques 300 étudiants ont occupé provisoirement plusieurs quais de la gare centrale et fait exploser des pétards et brûler des fumigènes, en criant: "occupons la ville", "ne touchez pas à notre avenir".
A Rome, un millier de personnes ont pris part à un cortège qui a traversé des rues du centre-ville et doit terminer son parcours sur une petite place. Un petit groupe d'étudiants a tenté de briser le cordon de police en lançant des pierres pour rejoindre le siège du gouvernement.
FRANCE
Plusieurs milliers de manifestants ont
à Paris
et
Marseille
, environ 1000 personnes ont également manifesté
à Lille
alors que 5000 manifestants ont défilé
à Bordeaux
, selon les organisateurs.
Au total, quelque 150 manifestations étaient prévues en France ce mercredi.
Hasard du calendrier, de nombreux mauvais chiffres relatifs à l'économie européennes ont été publiés ce mercredi, lire: Accumulation de mauvais chiffres pour l'économie européenne
agences/mre/hend
Les syndicats suisses soutiennent les grèves
Les syndicats suisses sont solidaires avec les grèves contre l'austérité menées mercredi dans plusieurs pays européens.
Le syndicat Unia a ainsi organisé des actions de solidarité devant les consulats portugais, espagnol et grecs à Berne et à Genève, a indiqué l'Union syndicale suisse (USS).
A Genève, les syndicats ont aussi prévu de manifester dans le quartier des banques pour protester contre le fait que ce soit au peuple de passer à la caisse pour la crise bancaire et financière.