L'Europe est confrontée à un nombre croissant de nouvelles drogues de synthèse, en poudre ou en comprimés, aussi variées que difficiles à identifier, et dont les effets à court et long termes sont inconnus, note l'Observatoire européen des drogues et toxicomanie (OEDT).
Si le cannabis et la cocaïne restent respectivement les drogues illicites les plus consommées en Europe, -malgré une perte d'attractivité de la seconde-, elles se trouvent concurrencées par "un nombre croissant de drogues de synthèse", comme les "cathinones" (dont les effets imitent ceux de la cocaïne) ou les cannabinoïdes.
Plus de 160 substances
Au total, 49 nouvelles substances de synthèse ont été détectées en 2011 par le système d'alerte précoce européen (EWS) et déjà plus de 50 l'ont été en 2012. Entre 2005 et 2011, cela porte à 164 le nombre de substances détectées.
Cocaïne, ecstasy ou drogues de synthèse, ces produits peuvent être considérés comme "interchangeables" par les consommateurs qui font leur choix en fonction de la disponibilité, du prix et de la qualité, note le rapport. Mais "il est vraisemblable que l'immense majorité des usagers sont dans l'ignorance totale de ce qu'ils consomment et des conséquences sanitaires et juridiques de leur consommation".
Alerte VIH
Dans ce 17e rapport annuel rendu public jeudi, l'Observatoire alerte aussi sur une augmentation inquiétante de contamination au VIH chez les usagers de drogues par injection. Notamment en Grèce (241 cas en 2011 contre 9 à 19 par an jusqu'en 2010) et en Roumanie (114 cas en 2011 contre 1 à 6 cas jusqu'en 2010).
La crise économique semble en cause, analyse Frank Zobel, responsable de l'unité "Politique et évaluation" à l'OEDT. Les toxicomanes adoptent plus de comportements à risques et des services de réduction des risques sont en recul (traitements de substitution, échanges de seringues, etc.)
afp/moha
Drogues de synthèse: un marché "à part"
Les substances de synthèse arrivent par des biais différents, le marché noir, mais aussi la vente sur internet ou dans des commerces spécialisés dans certains pays", explique Frank Zobel, responsable de l'unité "Politique et évaluation" à l'OEDT.
D'après une étude de janvier 2012, 693 magasins en ligne commercialisent des substances psychoactives qu'ils présentent comme des "euphorisants légaux" (legal highs), mais qui contiennent souvent des substances interdites.
"On a affaire à des apprentis sorciers, qui appartiennent à des organisations criminelles ou qui tentent de développer un marché légal de substances psychoactives, mais qui vendent des produits dont ils ignorent la toxicité", insiste Franck Zobel.