Les rebelles du M23 ont pris mardi le contrôle de la ville de Goma, selon leur porte-parole. C'est une première pour la capitale régionale de la riche région minière du Nord-Kivu, depuis la conquête de la ville par des rebelles soutenus par le Rwanda en 1998.
Ennemi "en débandade"
Signe d'une avancée capitale des rebelles, que Kinshasa et l'ONU affirment soutenus par le Rwanda, le chef du Mouvement du M23, Sultani Makenga, a fait son entrée dans la ville à la mi-journée. Il y a circulé avec une escorte faisant le tour des différents ronds point.
Ancien colonel promu général, Makenga avait fait défection de l'armée régulière en mai pour créer le M23 (lire encadré). Sans rencontrer de résistance de l'armée loyaliste selon plusieurs témoignages, les rebelles "contrôlent la ville de Goma et poursuivent l'ennemi" qui est "en débandade", a déclaré mardi après-midi à l'AFP le porte-parole du M23, le colonel Viannay Kazarama.
Habitants en fuite
A Goma, les rues étaient désertes et des habitants restaient terrés mardi dans leurs maisons dans cette ville, adossée au lac Kivu.
Redoutant les combats, des dizaines de milliers de personnes déplacées se sont regroupées au sud de la ville dans les camps de Mugunga pour se mettre à l'abri des combats. Et à la frontière rwandaise, une foule grossissante tentait de se réfugier de l'autre côté de la frontière, dans la ville jumelle de Gisenyi.
Pillages
Des pillages ont eu lieu dans la nuit de lundi à mardi dans le quartier de Katindo (sud) par des militaires congolais qui ont ensuite pris la route de Sake, seul axe routier permettant de sortir de la ville en direction du sud.
Et pour ajouter à la confusion, plusieurs centaines de détenus de la prison de Munzenze se sont évadés lundi accentuant l'insécurité qui règne en ville, selon une source occidentale.
afp/moha
Les rebelles du M23 en bref
Le M23 a été créé début mai par des militaires qui, après avoir participé à une précédente rébellion, ont intégré l'armée en 2009, à la suite d'un accord de paix.
Ils s'étaient mutinés en avril, arguant que les autorités de Kinshasa n'avaient pas respecté leurs engagements.
Ils réclament notamment le maintien de tous les officiers dans leurs grades et refusent "le brassage" (affectations dans d'autres unités et d'autres régions) que veut leur imposer Kinshasa, ce qui les éloignerait de leur zone d'influence dans l'est.
Joseph Kabila appelle à la mobilisation
A Kinshasa, le président congolais Joseph Kabila a aussitôt lancé un appel "au peuple ainsi qu'à toutes les institutions" à se mobiliser contre l'agression dont la RDC se dit victime de la part du Rwanda voisin. "Je demande la participation de toute la population à défendre notre souveraineté", a dit le chef de l'Etat.