L'exécutif français a dû monter au créneau mercredi pour confirmer que le mariage homosexuel pourrait bien être célébré dans chaque commune après des déclarations de François Hollande sur la "liberté de conscience" des maires qui ont provoqué la colère de son camp.
Le droit au mariage dans la commune de l'un des époux, "inchangé depuis 1804, ne connaîtra aucune dérogation", a tranché la ministre de la Justice Christiane Taubira, alors que le président français avait évoqué mardi l'éventualité d'"élargir" les possibilités de délégation offertes aux maires.
Certains maires opposés aux unions homosexuelles
Un projet de loi du gouvernement socialiste ouvrant le mariage et l'adoption aux couples homosexuels sera débattu au Parlement fin janvier. Dès sa mise en route par l'exécutif, plusieurs maires ont annoncé qu'ils ne célébreraient jamais de mariage homosexuel et l'opposition au projet notamment par l'Eglise catholique et la droite ne cesse de croître depuis.
"Les maires et les adjoints célèbrent les mariages au nom de l'Etat", a insisté Mme Taubira dans un communiqué rare de mise au point après des propos présidentiels. "La célébration des mariages sera assurée dans chaque commune de France au nom de l'égalité des droits", a souligné la ministre. "La loi doit s'appliquer partout dans toutes les communes de France", a convenu mercredi François Hollande, embarrassé de devoir s'expliquer sur ce sujet alors qu'il tenait une conférence de presse avec son homologue italien, Giorgio Napolitano.
afp/moha
Les propos qui dérangent
Le président français avait déclaré que les maires "auront, si la loi est votée, à la faire appliquer mais des possibilités de délégation (d'un maire à ses adjoints) existent, elles peuvent être élargies". "La loi s'applique pour tous dans le respect néanmoins de la liberté de conscience", avait-il ajouté.
Réactions contrastées
Ces diverses mises au point n'ont pas calmé la colère des associations de défense des homosexuels. L'association Inter-LGBT (lesbienne, gay, bi et trans), interlocuteur du gouvernement sur l'homosexualité, a exigé "d'être reçue rapidement par le Président de la République afin d'obtenir de sa part des explications sur ce qui est au mieux une maladresse, au pire une trahison". Dans l'attente, elle "suspend toutes ses relations avec le gouvernement", ont ajouté ses responsables.
Les écologistes, alliés des socialistes au pouvoir, ont jugé "inadmissible" la possibilité d'une liberté de conscience pour les maires et espéré que les propos de François Hollande relevaient de la "maladresse".
A l'inverse, les opposants au mariage se sont emparé des déclarations présidentielles. Le nouveau président de l'UMP, principal parti d'opposition, Jean-François Copé, y a vu un "vrai début de recul" de François Hollande.