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La Palestine devient un Etat observateur à l'ONU

Dans son discours, Mahmoud Abbas a invité l'Assemblée générale "à produire un acte de naissance de l'Etat de Palestine". [Stan Honda]
Dans son discours, Mahmoud Abbas a invité l'Assemblée générale "à produire un acte de naissance de l'Etat de Palestine". - [Stan Honda]
Le président palestinien Mahmoud Abbas a présenté jeudi soir devant l'organisation une résolution devant donner à la Palestine le statut d'observateur non-membre. Le texte était déjà quasiment assuré d'être adopté avant le vote.

La Palestine est devenue jeudi Etat observateur aux Nations unies, lors d'un vote historique à l'Assemblée générale de l'ONU, malgré l'opposition des Etats-Unis et d'Israël. Le vote de cette résolution, qui fait de "l'entité" palestinienne un "Etat observateur non membre", a été acquis à une majorité confortable mais pas écrasante de 138 voix pour, 9 contre et 41 abstentions.

Cette nouvelle stature internationale, qui donne aux Palestiniens accès à des agences de l'ONU et des traités internationaux, constitue une victoire diplomatique majeure. Mais elle expose l'Autorité palestinienne à des représailles financières américaines et israéliennes.

Avant le vote, le président palestinien Mahmoud Abbas avait invité l'Assemblée générale "à produire un acte de naissance de l'Etat de Palestine dans sa réalité".

Majorité simple garantie

Les Palestiniens célébraient déjà l'événement jeudi en journée. [Saif Dahlah]
Les Palestiniens célébraient déjà l'événement jeudi en journée. [Saif Dahlah]

Mahmoud Abbas a affirmé que par ce vote constituait la "dernière chance de sauver la solution à deux Etats" (Israël et un Etat palestinien) et a promis de "tenter de ranimer les négociations" de paix avec Israël, au point mort depuis plus de deux ans. "Cependant, par-dessus tout, j'affirme que notre peuple ne renoncera pas à ses droits nationaux inaliénables, définis par les résolutions de l'ONU", a-t-il souligné.

 Il a fait plusieurs références à "l'agression israélienne" à Gaza, une semaine après la conclusion d'un cessez-le-feu entre le Hamas qui contrôle ce territoire et Israël.

Victoire assurée avant le vote

Avant le début du vote déjà, le texte était quasiment assuré de recueillir la majorité simple requise pour son adoption parmi les 193 pays membres. L'enjeu résidait davantage dans l'ampleur de la victoire palestinienne et dans les conséquences sur le terrain et au sein de l'ONU.

Les ministres des affaires étrangères de Jordanie, de Turquie, du Canada et d'Indonésie ont assisté au vote et se sont exprimés avant celui-ci, de même qu'un représentant du Soudan au nom du groupe arabe, habilité à soumettre le texte au vote de l'Assemblée.

ats/ptur

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Les Européens divisés sur la question

Sur les 27 pays de l'Union européenne, une douzaine étaient en faveur de la résolution (dont la France, l'Espagne, l'Italie, le Danemark, l'Autriche et la Suède).

Mais Berlin s'est abstenu et Londres hésitait. La Russie s'est dite favorable, tout comme la Turquie et la Suisse.

Plusieurs pays européens estimaient que le moment était mal choisi, et espèraient notamment qu'à la tribune de l'Assemblée Mahmoud Abbas s'engagerait à reprendre bientôt les négociations.

Ils redoutaient aussi que Washington ne coupe les vivres aux agences de l'ONU auxquelles les Palestiniens, avec leur nouveau statut, pourront adhérer.

Célébrations anticipées en Cisjordanie et à Gaza

A travers la Cisjordanie et la bande de Gaza, les Palestiniens n'ont pas attendu le résultat du scrutin pour célébrer par milliers leur nouveau statut d'Etat observateur.

Sur la place Yasser Arafat de Ramallah, les drapeaux palestiniens flottaient paresseusement au vent.

Cinquante kilomètres plus au nord, à Naplouse, environ 7'000 personnes ont afflué vers la place principale, ornée pour l'occasion de portraits de Mahmoud Abbas et du défunt leader Yasser Arafat, symbole de l'unité perdue et retrouvée à la faveur de la démarche à l'ONU.

Dès l'annonce officielle, des tirs en l'air ont été observés à Ramallah, la foule a acclamé le vote.

Décision peu goûtée en Israël et aux Etats-Unis

Outre la candidature palestinienne, la résolution appelle aussi à une reprise des négociations de paix israélo-palestiniennes, en panne depuis plus de deux ans. Mais pour Washington et Israël, seule la négociation directe peut mener à la création d'un Etat palestinien.

L'ambassadrice américaine Susan Rice a affirmé que le vote était "contre-productif" et créerait des "obstacles" à la paix.

L'ambassadeur israélien à l'ONU, Ron Prosor, a pour sa part estimé que cette initiative "ne fait pas avancer la paix, elle la fait reculer". Il a affirmé qu'elle "ne changera pas la situation sur le terrain", notamment parce que l'Autorité palestinienne "ne contrôle pas Gaza", et qu'elle "ne donnera pas un statut d'Etat à l'Autorité palestinienne"

Ce qui inquiète les Israéliens et les Américains, c'est la possibilité qu'ont désormais les Palestiniens de rejoindre la Cour pénale internationale et d'y porter plainte contre Israël.

A Jérusalem, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a estimé que le discours de Mahmoud Abbas était "rempli de propagande mensongère" contre Israël.

Israël a brandi la menace de sanctions en cas de vote positif à l'ONU, par exemple en bloquant les taxes qu'il reçoit pour le compte de l'Autorité palestinienne, mais a annoncé qu'il n'annulerait aucun accord conclu avec les Palestiniens.