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Les opposants égyptiens contraignent le président Mohamed Morsi à fuir

Le président égyptien Mohamed Morsi acculé
Le président égyptien Mohamed Morsi acculé / L'actu en vidéo / 57 sec. / le 4 décembre 2012
L'opposition égyptienne a marché mardi au Caire sur le palais présidentiel de Mohamed Morsi, le contraignant à fuir. La police anti-émeutes a fait usage en vain de gaz lacrymogène pour disperser les protestataires.

La police égyptienne anti-émeutes a fait usage mardi soir de gaz lacrymogène pour disperser des manifestants qui tentaient de s'approcher du palais présidentiel, a rapporté un correspondant de l'AFP. La police a ensuite battu en retraite, permettant aux manifestants qui ont coupé des barbelés de s'approcher du palais.

Le président égyptien a quitté son palais du Caire encerclé par les manifestants, alors que les islamistes se disaient confiants quant à l'issue du référendum confirmant ses pouvoirs.

Véhicule blindé attaqué

Selon les images de la télévision égyptienne, des manifestants ont apparemment réussi à forcer des cordons de sécurité près du palais d'al-Ittihadiya à Héliopolis, dans la banlieue de la capitale, et sont arrivés devant le bâtiment.

Huit manifestants ont été blessés dans les affrontements, a-t-on appris de source proche des forces de sécurité. Des militants ont attaqué un véhicule blindé de la police et frappé son conducteur, tandis que des forces de sécurité se massaient à l'intérieur du palais présidentiel.

Manifestation du "dernier avertissement"

Quelques centaines de manifestants se sont par ailleurs réunis près du domicile du chef de l'Etat, situé dans une banlieue ouest du Caire, où ils ont scandé des slogans hostiles au décret du 22 novembre et aux Frères musulmans. D'autres se sont rassemblés près de deux mosquées dans le nord de la ville avant de se diriger vers le palais présidentiel.

Des milliers de personnes ont afflué dès la fin d'après-midi vers le palais pour protester contre les nouveaux pouvoirs du président Morsi, que l'opposition qualifie de "dictatoriaux", et contre un projet de Constitution devant être soumis à référendum dans moins de 15 jours.

Sécurité renforcée

Plusieurs groupes et partis d'opposition avaient appelé les Egyptiens à marcher "pacifiquement" sur le palais, dont les jeunes du 6-Avril, qui avaient contribué à lancer le soulèvement de l'an dernier, et le parti de la Constitution du Nobel de la paix Mohamed ElBaradei.

La sécurité avait été renforcée autour du palais avec l'envoi de policiers anti-émeutes. Certains commerces et écoles avaient prévu de fermer plus tôt. Tandis que les banques fermaient trois heures plus tôt, de nombreux journaux égyptiens indépendants ont suspendu leur parution mardi pour protester contre "la dictature" de Morsi.

Des chaînes privées, comme ON-TV et Dream, devraient rejoindre le mouvement mercredi en ne diffusant pas de programme.

afp/olhor

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Rappel des faits

L'Egypte vit une profonde crise politique depuis le décret du 22 novembre, par lequel Mohamed Morsi, premier président islamiste du pays, a considérablement élargi ses pouvoirs.

Il a notamment mis ses décisions et la commission chargée de rédiger la future Constitution à l'abri de tout recours en justice.

Opposants et partisans de Morsi ont manifesté en masse après le décret, et l'annonce par le président de la tenue d'un référendum sur le projet de Constitution le 15 décembre a creusé le fossé entre les deux camps.

Le pouvoir judiciaire, à qui le président a interdit de contester ses décisions, est aussi divisé.