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La Suisse et la France sortent de cinq années de relations tendues

Doris Leuthard à l'Elysée. La présidente de l'année 2010 a été reçue par Nicolas Sarkozy alors que les relations entre les deux pays étaient rafraîchies à cause des désaccords sur le secret bancaire. [Lucas Dolega]
En 2010, la présidente Doris Leuthard été reçue par Nicolas Sarkozy alors que les relations entre les deux pays étaient rafraîchies. - [Lucas Dolega]
Depuis cinq ans, les relations franco-helvétiques ont connu de fortes tensions, en particulier liées aux questions fiscales. Les candidats à la présidence hexagonale ou le gouvernement français lui-même ne sont pas restés avares de critiques concernant leur voisin suisse.

La présidente de la Confédération Eveline Widmer-Schlumpf rencontre le président français François Hollande à Paris le vendredi 7 décembre 2012. Cette visite vise à raffermir le dialogue entre les deux pays et à examiner quelques sujets brûlants: convention de double imposition en matière de succession, l'entraide administrative fiscale ou encore Rubik. C'est l'occasion de revenir sur cinq années de relations tendues, jalonnées par quelques déclarations marquantes.

Janvier 2007 - le socialiste Arnaud Montebourg dégaine

«La Confédération helvétique pose autant de graves problèmes que Johnny lui-même», estime Arnaud Montebourg, porte-parole de la candidate socialiste à la présidence française Ségolène Royal, dans une tribune dans le journal Libération.

Il accuse le chanteur d'insulter «tous les autres citoyens qui participent avec conscience au financement de l'intérêt général et qui [...] n'ont pas le loisir d'aller s'ennuyer à Gstaad six mois par an».

Octobre 2008 - l'UMP Eric Woerth attaque aussi

Lors d'une conférence sur la fraude fiscale à Paris co-organisée par la France et l'Allemagne,  l'attaque est amorcée par le ministre français du Budget d'alors, Eric Woerth, qui déclare que «le secret bancaire est une relique du passé».

Août 2009 - l'affaire HSBC

«Nous ne sommes pas là pour protéger les fraudeurs. Maintenant il y a des règles et elles doivent être respectées», annonce le président Sarkozy, qui apporte son «soutien» à son ministre du Budget Eric Woerth, détenteur d'une liste de fraudeurs fiscaux français provenant de la banque HSBC.

Avril 2009 - la liste grise de l'OCDE

Après une réunion du G20 à Londres, l'OCDE inclut la Suisse dans sa «liste grise» des pays s’étant engagés à respecter les standards internationaux, mais ne les ayant pas substantiellement appliqués. Cette décision suscite une vive colère à Berne.

«Si le mouvement (initié par la Suisse) est terminé, la Suisse sera montée dans la liste blanche, sinon, elle sera descendue dans la liste noire», prévient Nicolas Sarkozy lors de sa conférence de presse à l’issue du G20.

Décembre 2009 - convention de double imposition bloquée

La Confédération avait décidé de bloquer la ratification par les Chambres fédérales de la nouvelle convention de double imposition récemment signée avec la France.

Janvier 2010 - rencontre de réconciliation à Davos

Afin de sortir de l’impasse, la présidente de la Confédération de l'époque Doris Leuthard rencontre Nicolas Sarkozy lors de Forum économique de Davos (WEF).

Novembre 2010 - Paris contre "Rubik"

Paris ferme la porte à un cet accord qui permettrait aux Français concernés de conserver l’anonymat à condition de se mettre en règle avec le fisc.

Novembre 2011 - Sarkozy à nouveau critique au G20

Lors du sommet du G20 à Cannes, auquel la Suisse n’a finalement pas été invitée, Nicolas Sarkozy porte un nouveau coup à la Confédération, dénonçant ses «déficiences» en matière de fiscalité, malgré le fait qu'elle ne figure plus sur la liste des paradis fiscaux depuis septembre 2009. Les autorités helvétiques réagissent vivement à ces critiques.

Novembre 2011 - Micheline Calmy-Rey réplique

La présidente de la Confédération Micheline Calmy-Rey ne cache pas son agacement, affirmant à la TSR que «Nicolas Sarkozy a probablement un problème avec nous, je ne sais pas lequel». Elle indique avoir convoqué l'ambassadeur de France à Berne, pour lui signifier le «mécontentement» de la Suisse sur «cette manière de faire».

Avril 2012 - Mélenchon "very dangerous"

Interrogé par Darius Rochebin dans un entretien exclusif pour TV5 Monde et la RTS, Jean-Luc Mélenchon évoque la place bancaire helvétique et s'adresse à la Suisse: "Je ne veux pas vous raconter d'histoire. I am very dangerous. J'ai vraiment l'intention de vous faire les poches."

Ralph Berger

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