Des opposants au président égyptien Mohamed Morsi se pressaient devant son palais mardi après avoir franchi un barrage gardé par l'armée, à quelques kilomètres d'une manifestation de partisans du chef de l'Etat islamiste.
Dans l'après-midi, plusieurs centaines de manifestants ont réussi à franchir sans heurts un barrage de blocs de béton et de barres de métal, installé pour protéger le complexe présidentiel à Héliopolis, dans la banlieue du Caire.
Ils ont ainsi pénétré dans le périmètre de sécurité du palais présidentiel, à l'extérieur du bâtiment, lui-même protégé par des murs de plus de quatre mètres de haut, des soldats et des chars.
Alors que le soir tombait sur Le Caire, la manifestation commençait à prendre forme aux abords du palais. Emmenée par le Front du salut national (FSN), l'opposition manifestait également sur la place Tahrir, haut lieu de la contestation dans le centre de la capitale.
Deux Egypte face-à-face
Les contestataires rejettent le référendum de samedi et le projet de Constitution soumis au vote. Pour eux, le texte ouvre la voie à une islamisation accrue de la législation et manque de garanties pour les libertés.
Dans le même temps, une manifestation en soutien au président égyptien a débuté à Nasr City, à quelques kilomètres du palais présidentiel. Elle a été organisée à l'appel d'une coalition de partis et mouvements islamistes, à l'instar des Frères musulmans, dont est issu Mohamed Morsi. Lire: Manifestations à risque en Egypte pour et contre le projet de Constitution
Plusieurs dizaines de milliers de personnes défilaient près de la mosquée Rabaa, certains brandissaient des drapeaux égyptiens et saoudiens.
Affrontements violents craints
Ces manifestations concurrentes faisaient craindre de nouveaux affrontements, après la mort dans la nuit du 5 au 6 décembre de sept personnes lors d'accrochages entre membres des deux camps. Pour l'heure, seuls quelques légers heurts se sont produits entre opposants et partisans du président Morsi.
Alors qu'aux petites heures du matin mardi, onze personnes avaient été blessées lorsque des inconnus ont ouvert le feu à la chevrotine et ont lancé des cocktails Molotov sur des manifestants sur la place Tahrir, selon le ministère de la Santé.
Lundi, Mohamed Morsi a chargé l'armée de préserver la sécurité jusqu'aux résultats du référendum controversé sur la Constitution.
afp/ats/olhor
L'armée appelle à nouveau au dialogue
Le ministre de la Défense égyptien et commandant des forces armées Abdel Fattah al-Sissi a invité mardi opposition et partisans du président islamiste Mohamed Morsi à un dialogue mercredi pour tenter de sortir de la crise actuelle, a indiqué l'agence officielle Mena.
Le général Sissi a "invité les diverses composantes du peuple égyptien à une rencontre mercredi soir afin de sortir de la crise actuelle", a rapporté la Mena, alors que des manifestations des deux camps se déroulaient au Caire, faisant craindre des violences.
La rencontre doit avoir lieu dans un complexe militaro-sportif de la grande banlieue du Caire, à un horaire qui n'a pas été précisé. L'armée, dont le rôle est central en Egypte, n'a pas pris position entre les deux camps dans la crise.
Heurts sur la place Tahrir lundi
Neuf personnes ont été blessées dans la nuit de lundi à mardi par des assaillants qui ont ouvert le feu sur des manifestants campant sur la place Tahrir dans le centre du Caire, ont rapporté des témoins. Les assaillants ont lancé des cocktails Molotov qui ont provoqué le début d'un petit incendie, ont ajouté ces témoins.
A la suite de cet incendie, les manifestants, réveillés par le bruit, ont répliqué en scandant des slogans hostiles au président égyptien Mohamed Morsi et ont chanté "le peuple veut la chute du régime".