La Corée du Nord a apparemment réussi un tir de fusée, faisant fi des mises en garde de Washington et de ses alliés. "Le lancement de la seconde version de notre satellite Kwangmyongsong-3 depuis le centre spatial de Sohae (...) est réussi" et "le satellite est entré en orbite comme prévu", a triomphalement annoncé à la télévision une présentatrice.
Pyongyang a qualifié le tir de "percée" qui rend hommage à l'ancien dirigeant, Kim Jong-Il, décédé il y a près d'un an. Ce succès marque également le centième anniversaire de la naissance de Kim Il-Sung, le fondateur et "président éternel" de la Corée du Nord, a écrit l'agence officielle nord-coréenne KCNA.
Le Commandement de la défense aérienne nord-américain (NORAD) a prudemment confirmé le succès de la mission en parlant toutefois d'un "missile" ayant "déployé un objet qui s'est placé en orbite". Le Japon et la Corée du Sud ont eux fait référence à un missile Taepodong-2.
S'il est effectivement réussi, ce tir succède à trois précédents essais, qui s'étaient soldés par des échecs. La Corée du Nord prétend posséder des missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) capables d'atteindre le continent américain.
Réactions en cascade
Un diplomate occidental aux Nations unies a annoncé que le Conseil de sécurité tiendrait des "consultations" mercredi vers 11H00 locales (17H00 GMT) à la demande des Américains et des Japonais, augurant d'une "réaction forte" (voir encadré).
Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, tout comme les Etats-Unis, ont déploré un acte "hautement provocateur". "L'Union européenne va examiner une réponse appropriée", a déclaré sa représentante Catherine Ashton.
Tokyo a dénoncé un acte "intolérable" tandis que la Corée du Sud a dénoncé les "provocations" du Nord. Moscou a fait part de son "profond regret". Berne estime que ce lancement contribue à aviver les tensions dans la région.
Pékin à moitié ferme
La Chine, seul allié de poids de Pyongyang, a estimé que le Nord "devrait se plier aux résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU" lui interdisant "tout lancement utilisant une technologie de missile balistique". "Toutes les parties concernées devraient garder la tête froide et s'abstenir de jeter de l'huile sur le feu afin que la situation reste sous contrôle", selon un commentaire de l'agence officielle chinoise.
Cette annonce intervient alors que Pékin a systématiquement brandi sa menace de veto au Conseil de sécurité afin de limiter la portée des sanctions internationales.
La Corée du Nord avait annoncé vouloir lancer sa fusée entre le 10 et 22 décembre.
afp/bri
Le tir dans le détail
La Corée du Sud et le Japon ont été les premiers à annoncer le tir de la fusée à 09H51 locales (01H51 à Paris) depuis le centre de Sohae dans le nord-ouest du pays.
Selon leurs observations, le premier et le deuxième étages du lanceur Unha-3 --un missile Taepodong-2 selon eux-- sont tombés en mer à l'ouest et au sud-ouest de la péninsule coréenne. Le troisième étage est tombé à 300 kilomètres à l'est des Philippines.
Le Japon, qui avait pris des dispositions pour détruire le lanceur ou ses débris s'ils menaçaient son territoire, a précisé que le lanceur était passé au-dessus de l'île nippone d'Okinawa douze minutes après son décollage.
Le Taepodong-2 a une portée comprise entre 6000 et 9000 kilomètres. Il a été testé en juillet 2006, en avril 2009 et en avril 2012, après un premier missile de portée moindre, le Taepodong-1, testé en 1998.
Nouvelles sanctions en vue
Selon des médias japonais, le Japon, les Etats-Unis et la Corée du Sud vont demander au Conseil un renforcement des sanctions au niveau de celles frappant l'Iran.
Les trois pays alliés souhaitent geler les avoirs à l'étranger, à partir d'une liste élargie, d'institutions financières, d'entreprises et de personnalités nord-coréennes.
Le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté deux trains de sanctions en 2006 et 2009 après chaque test nucléaire suivant des tirs d'essai de missile ou de fusée. Les résolutions 1718 et 1874 de l'ONU interdisent à Pyongyang toute activité nucléaire ou balistique.