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Des jets de pierre visent les dirigeants tunisiens à Sidi Bouzid

Quelque 5000 habitants de Sidi Bouzid ont manifesté lundi lors de la visite du président tunisien Moncef Marzouki et du président du parlement. [FETHI BELAID]
Quelque 5000 habitants de Sidi Bouzid ont manifesté lundi lors de la visite du président tunisien Moncef Marzouki et du président du parlement. - [FETHI BELAID]
Venus célébrer le second anniversaire du début de la révolution de jasmin, le chef d'Etat tunisien Moncef Marzouki et le président du Parlement Mustapha Ben Jafaar ont été hués par la foule à Sidi Bouzid.

Des manifestants ont jeté des pierres lundi contre le chef de l'Etat tunisien Moncef Marzouki et le président du Parlement Mustapha Ben Jaafar à Sidi Bouzid, où se déroulaient les célébrations du deuxième anniversaire du début de la révolution tunisienne.

Le service d'ordre a rapidement évacué les deux dirigeants vers le siège de la préfecture de cette région marginalisée du centre-ouest de la Tunisie, a constaté un journaliste de l'AFP.

En scandant "le peuple veut la chute du gouvernement", les manifestants ont aussi envahi le parvis sur lequel était montée la tribune où le chef de l'Etat s'était exprimé. La police n'est pas intervenue, alors que les heurts entre manifestants et policiers se multiplient dans le pays depuis plusieurs mois.

Des milliers de manifestants

Lorsque le président tunisien a pris la parole, une grande partie des 5'000 personnes réunies sur la place ont scandé "Dégage, dégage", l'un des cris de ralliement du soulèvement qui a provoqué la chute du régime de Zine El Abidine Ben Ali.

Copieusement sifflé, Moncef Marzouki a promis des progrès économiques sous six mois aux habitants de Sidi Bouzid, alors que la misère et le chômage étaient déjà au coeur des causes de la révolte de l'hiver 2010/2011.

Le chef d'Etat avait déjà été chahuté quelques heures plus tôt, lorsqu'il s'était rendu sur la tombe de Mohamed Bouazizi, le vendeur ambulant qui s'était immolé par la feu le 17 décembre 2010 à Sidi Bouzid, donnant le coup d'envoi au Printemps arabe.

Nombreux islamistes

Des islamistes radicaux étaient présents en nombre lundi devant la préfecture de Sidi Bouzid: des militants du parti Hizb Ettahrir, un mouvement autorisé se disant non-violent, brandissaient des drapeaux noirs ou blancs, bannières de la mouvance salafiste.

Les salafistes jihadistes sont accusés d'avoir orchestré plusieurs flambées de violences depuis juin, en particulier l'attaque de l'ambassade américaine à Tunis le 14 septembre en marge d'une manifestation, dans laquelle quatre assaillants ont été tués.

afp/jgal

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Le pays plongé dans une impasse

Les revendications économiques et sociales étaient au coeur de la révolution tunisienne, mais le chômage et une croissance anémique continuent de miner le pays, si bien que les manifestations, émaillées de violences, se sont multipliées ces derniers mois.

Outre ses difficultés économiques, le pays est régulièrement confronté à des violences orchestrées par des groupuscules islamistes. Il est aussi plongé dans une impasse politique, faute de compromis sur la future Constitution, 14 mois après l'élection de la Constituante.

Dans ce contexte, l'état d'urgence instauré le jour de la fuite de Ben Ali et donnant des pouvoirs accrus à l'armée et à la police, est toujours en vigueur.