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La Belgique refuse d'être le "bouc émissaire" dans l'exil de Depardieu

Gérard Depardieu n'a semble-t-il pas apprécié le qualificatif "minable" utilisé par Jean-Marc Ayrault.
Gérard Depardieu, se sentant injurié, a annoncé qu'il rendait son passeport français.
Près de 10 jours après l'annonce du déménagement de Gérard Depardieu en Belgique, le ministre belge des Affaires étrangères défend le système fiscal de son pays.

La Belgique refuse d'être le "bouc émissaire" dans l'affaire de l'exil de l'acteur français Gérard Depardieu, a déclaré lundi le ministre belge des Affaires étrangères Didier Reynders. Ce dernier a conseillé à Paris de s'interroger sur les raisons, y compris fiscales, du départ de l'acteur français Gérard Depardieu vers la Belgique.

"Nous ne comprenons pas cette façon de trouver un bouc émissaire en disant qu'il y a un pays voisin où les Français vont se réfugier. Il n'y a eu aucune mesure prise en Belgique pour attirer un quelconque citoyen français", a déclaré le chef de la diplomatie belge sur la radio RTL.

Havre fiscal... en partie

En revanche, a-t-il rappelé, "il y a eu une évolution du système fiscal français qui a peut-être des conséquences, mais ce n'est pas de notre responsabilité. Les mesures prises en France ont peut-être (...) entraîné des mouvements", a-t-il ajouté.

Le gouvernement socialiste de François Hollande a décidé, dans le cadre de sa politique de rigueur budgétaire, d'imposer une taxe de 75% sur les plus hauts revenus.

La Belgique n'impose ni la fortune ni les plus-values sur le patrimoine privé, ce qui en fait un havre fiscal pour certains contribuables français, même si l'imposition des revenus du travail y est beaucoup plus élevée qu'en France.

Pour une harmonisation européenne

Le ministre belge des Affaires étrangères s'est toutefois prononcé en faveur d'une harmonisation fiscale européenne. "Mais cela ne veut pas dire que tous les pays européens vont s'aligner sur les décisions prises à Paris", a-t-il précisé.

Paris a déjà fait savoir qu'elle entendait revoir les conventions fiscales avec les États membres de l'Union européenne, dont la Belgique, pour éviter l'exil des Français vers des cieux plus cléments.

S'estimant "injurié" sur son exil fiscal en Belgique, Gérard Depardieu a de son côté annoncé dimanche qu'il rendait son passeport français et se renseignait sur la possibilité de prendre la nationalité belge.

gchi/ats

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Les journaux belges réagissent

La presse belge a accueilli avec un mélange de prudence et d'ironie les dernières déclarations de l'acteur français Gérard Depardieu.

"Acteur tout-terrain cherche climat fiscal clément", titrait à la Une "La Libre Belgique" avec une photo de l'acteur en Obelix chevauchant un dromadaire.

"C'est du Gégé tout craché", a résumé Le Soir en utilisant le surnom de l'acteur et en y voyant "un coup d'esbroufe".

Réaction de François Hollande

Le président français François Hollande a tancé implicitement lundi les membres du gouvernement qui ont vivement critiqué Gérard Depardieu pour son exil fiscal, en déclarant lors de la visite d'une entreprise à Château-Renault: "Moi, plutôt que de blâmer tel ou tel, je veux saluer le mérite de ceux qui ont certes beaucoup mais qui acceptent de payer leurs impôts en France, de produire en France, de faire travailler en France et de servir leur pays".

Mais il a également reconnu que le Premier ministre Jean-Marc Ayrault avait "eu raison" de critiquer l'acteur.

"Après, a poursuivi François Hollande, il y a les mots qui doivent être utilisés. Mais enfin, franchement, à un moment où on doit tous être rassemblés, où on doit tous être solidaires, vous croyez que c'est facile pour un demandeur d'emploi, pour une personne qui ne sait pas comment elle va se chauffer de voir que d'autres essaient de se protéger pour ne pas payer la contribution nationale".

Quelque 500 français en attente

Selon lefigaro.fr, près de 500 français ont fait une demande de nationalité belge depuis septembre, en hausse de 15 à 20%.

Mais «cela représente finalement assez peu monde», a estimé au Figaro le député centriste belge George Dallemagne.

Pas si simple de devenir belge

"Il faudra que Depardieu puisse nous convaincre qu'il ne veut pas devenir Belge uniquement pour éviter le fisc français", a déclaré une membre de la commission parlementaire qui accorde les naturalisation.

Mais la loi belge changera dès janvier 2013. Elle sera durcie pour le commun des mortels mais assouplie dans certains cas.

Ainsi, selon Le Figaro, Depardieu n'aura qu'à se présenter dès janvier et faire valoir des «mérites exceptionnels» susceptibles d'accroître le «rayonnement international» de la Belgique pour obtenir la nationalité belge.

En septembre dernier, Bernard Arnault, patron du groupe LVMH, avait lui aussi fait des vagues en déménageant en Belgique et en demandant la nationalité belge.

Mais trois mois après, la demande de l'homme d'affaires "est toujours en cours d'examen" .