Aux cris d'"Indépendance", "amnistie maintenant", des dizaines de milliers de manifestants ont défilé sous la pluie samedi à Bilbao du retour des prisonniers de l'ETA au Pays basque, une exigence posée également par l'organisation séparatiste, qui a renoncé à la lutte armée en octobre 2011, pour déposer les armes.
"C'est une manifestation colossale, plus importante que celle de l'année dernière", a affirmé l'un des orateurs au micro, à la fin du défilé. Cette manifestation annuelle en faveur du rapprochement des prisonniers basques et d'une solution pour le Pays basque avait réuni 110'000 personnes, selon les organisateurs, le 7 janvier 2012.
Les distances des prisons où sont dispersés les détenus basques étaient inscrites sur des camionnettes, l'inscription "Euskal Tresoak Euskal Herrira" (Prisonniers basques au pays basque),était gravée sur un bus à deux étages rouge.
Rares membres de l'ETA en liberté
Juste derrière, des dizaines de familles de prisonniers s'étaient rangées en quatre files, les manifestants en tête du cortège portant une lampe symbolisant l'attente du retour de leur proche emprisonné.
Seuls quelques dizaines de membres parmi les 700 que compte l'ETA sont toujours en liberté. "607 sont dans les prisons de France et d'Espagne, dispersés à 750 kilomètres en moyenne de chez eux". Certains "se trouvent aussi emprisonnés en Angleterre, Écosse, Irlande du Nord et Portugal. Et 13 prisonniers sont atteints d'une maladie grave", selon Herrira.
Manifestation soutenue en France
Le défilé a reçu le soutien en Espagne de la coalition indépendantiste de gauche EH Bildu, deuxième force régionale au Pays basque. En revanche, le Parti nationaliste basque (PNV) qui dirige la région autonome l'a boudé, estimant que "le travail silencieux " pouvait être plus efficace que les " discours et les manifestations".
Au Pays basque français, les députés du Modem (centre-droit) Jean Lassalle et socialiste Colette Capdevielle des Pyrénées-Atlantiques ont appelé à manifester. C'est la première fois que des élus du PS (au pouvoir en France) appellent à manifester à Bilbao.
afp/olhor
Rappel des faits
Depuis l'annonce par l'ETA de son renoncement définitif à la violence le 20 octobre 2011, plusieurs pas ont été franchis.
Le 3 janvier, le parti nationaliste basque Batasuna, considéré comme proche d'ETA, interdit en Espagne, a annoncé sa dissolution en France, tout comme avant lui le mouvement de défense des prisonniers basques Askatasuna (Liberté), interdit en Espagne depuis 2002.
Le mouvement de jeunesse radicale basque Segi, considéré comme la pépinière de l'ETA, a annoncé qu'il s'était dissout en juin. L'ETA, placée sur la liste des organisations terroristes par les Etats-Unis et l'Union européenne, est tenue pour responsable de la mort de 829 personnes. Son dernier attentat sur le sol espagnol remonte à août 2009.