L'armée française, "en guerre contre le terrorisme" au Mali, a bombardé pour la première fois dimanche des positions islamistes dans le nord du pays, à Gao et Kidal, au coeur des territoires jihadistes.
"Bloquer les terroristes, c'est fait. Ce qui a commencé à être fait aujourd'hui, c'est s'occuper des bases arrière des terroristes" dans le Nord, a déclaré dimanche le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius.
Interrogé sur la durée de l'intervention française en première ligne, Laurent Fabius a estimé que "c'est une question de semaines".
Quatre avions de combat Rafale ont notamment détruit des camps d'entraînement et des dépôts logistiques près de Gao (environ 1200 km au nord de Bamako), selon le ministère français de la Défense.
Les avions français ont aussi frappé à Aghabo, à 50 km de Kidal, dans l'extrême nord-est du pays, selon une source de sécurité régionale. Aghabo est une base importante du groupe islamiste Ansar Dine (Défenseurs de l'Islam).
Chasse aux jihadistes
Un camp de combattants jihadistes a été visé à Léré, près de la Mauritanie, et des cibles ont été atteintes près de Douentza (800 km au nord de Bamako).
Gao, Kidal, et la ville historique de Tombouctou sont les trois principales villes du Nord malien désertique.
Sous la coupe des islamistes depuis près de neuf mois, elles sont devenues des points névralgiques pour les groupes armés opérant dans ces zones: Ansar Dine, Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), et le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao).
Tombouctou, où les jihadistes ont mené ces derniers mois lapidations et amputations, un enseignant a fait état d'un "début de panique" parmi les familles des islamistes partis au combat, assurant que "beaucoup essayent de partir dans le désert".
Plus de 500 militaires français
L'intervention de la France a déjà permis à l'armée malienne de reprendre la ville de Konna où le calme est revenu dimanche. Paris a déployé environ 550 militaires au Mali, répartis entre Bamako et Mopti, 500 km plus au nord,
L'armée malienne a quant à elle enregistré dans ses rangs onze morts et une soixantaine de blessés lors des combats contre les islamistes à Konna (centre). Un officier français a également été tué.
agences/vkiss/olhor
Sommet de la Cédéao reporté à samedi
Le sommet extraordinaire des chefs d'Etat de la Cédéao sur le Mali, initialement prévu le 16 janvier se tiendra finalement le 19 janvier, a annoncé dimanche le ministre ivoirien l'intégration africaine, Ally Coulibaly.
La Cédéao doit former une force d'intervention contre les islamistes occupant le nord du Mali, conformément à une résolution de l'ONU qui a approuvé la création d'une unité de 3.300 soldats ouest-africains avec un soutien logistique occidental qui doit encore être déployé.
Le président de la Cédéao, le chef d'Etat ivoirien Alassane Ouattara, a autorisé vendredi l'envoi immédiat de troupes au Mali, pour épauler l'armée malienne dans son offensive contre les islamistes.
En revanche, les discussions entre gouvernement malien et groupes armés du nord du Mali, Ansar Dine et MNLA (rébellion touareg), qui devaient avoir lieu à Ouagadougou le 21 janvier, "ne sont plus d'actualité", a indiqué dimanche une source proche de la présidence burkinabé.