Les groupes islamistes armés, contre lesquels le Mali mène la guerre avec l'appui de la France, utilisent des enfants soldats et "les populations comme boucliers" dans les zones qu'ils investissent, a affirmé mercredi un responsable de l'armée malienne joint depuis Dakar.
Les islamistes armés "ont deux stratégies: les populations comme boucliers et des enfants soldats comme combattants", a déclaré ce responsable militaire sous couvert d'anonymat. Selon lui, c'est actuellement le cas à Diabali (400 km au nord de Bamako) où, d'après des sources de sécurité, des combats rapprochés opposaient mercredi soldats français des forces spéciales et combattants islamistes.
Progression vers le nord
Des combats "au corps à corps" opposaient mercredi soldats français des forces spéciales et combattants islamistes à Diabali, à 400 km au nord de Bamako, ont indiqué deux sources de sécurité. "Les forces spéciales sont actuellement à Diabali, au corps à corps avec les islamistes.
L'armée malienne est également sur les lieux", a expliqué une source de sécurité malienne. L'information a été confirmée par une source de sécurité régionale.
Les soldats français, engagés pour la première fois mardi au sol au Mali, remontaient mercredi vers le nord pour y pourchasser les groupes islamistes armés liés à Al-Qaïda. Dans l'ouest du Mali, au nord de Bamako, se trouvent "les groupes les plus durs, les plus fanatiques, les mieux organisés, les plus déterminés et les mieux armés", selon le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian.
Par ailleurs, le président tchadien Idriss Déby a décidé d'envoyer au Mali un contingent de soldats "pour soutenir les efforts de la communauté internationale", sans préciser le nombre des militaires.
Pont stratégique
Un détachement de l'armée française va "sécuriser" mercredi un pont stratégique sur le fleuve Niger à Markala, près de Ségou, dans l'ouest du Mali, qui mène vers le sud et la capitale Bamako, afin d'en empêcher l'accès au islamistes armés.
La progression vers le nord constitue une nouvelle étape dans l'engagement français après des raids aériens menés depuis le 11 janvier dans le centre et le nord du pays pour empêcher une avancée des islamistes vers la capitale Bamako, dans le sud, et déstabiliser les combattants islamistes.
Sécuriser la population
"Jusqu'à présent, nous avions fait en sorte qu'il y ait quelques forces terrestres à Bamako, pour sécuriser d'abord nos populations, nos ressortissants, les ressortissants européens et la ville de Bamako. Maintenant les forces terrestres françaises sont en train de remonter vers le nord", a déclaré mercredi matin à la radio RTL le ministre français de la Défense.
Selon des témoins, de nouveaux renforts de soldats français sont arrivés mercredi matin dans la zone "avec tout le matériel nécessaire" pour en déloger les djihadistes.
Les armées française et malienne devaient tenter de reprendre entièrement le contrôle de Diabali, située à proximité de la frontière avec la Mauritanie dont l'armée a renforcé ses contrôles pour empêcher les islamistes de pénétrer sur son territoire.
Menaces islamistes mises à exécution
Des islamistes, affirmant venir du Mali et agir en "riposte" à l'intervention militaire française dans ce pays, ont pris en otage mercredi une quarantaine d'employés d'un site algérien de British Petroleum, situé à la frontière avec la Libye. A lire: Un site de BP en Algérie cible d'une attaque islamiste
afp/lgr/moha
Enquête pour crimes de guerre
Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a ouvert une enquête mercredi sur les crimes de guerre présumés commis depuis janvier 2012 sur le territoire du Mali, où quelque 800 soldats français sont déployés, a annoncé le bureau du procureur.
"Divers groupes armés ont semé la terreur et infligé des souffrances à la population par tout un éventail d'actes d'une extrême violence à tous les stades du conflit", a déclaré le procureur de la Cour, Fatou Bensouda, dans un communiqué.
L'otage français aurait été exécuté
Les insurgés islamistes somaliens shebab ont déclaré mercredi dans un communiqué publié sur internet avoir "décidé unanimement d'exécuter" l'otage français Denis Allex qu'ils détiennent en Somalie depuis 2009 et que Paris considère comme mort depuis l'échec samedi d'une opération de sauvetage.
Le sort de l'otage français, au jour de mercredi, n'était toutefois pas clairement précisé par les shebab qui semblaient vouloir continuer à entretenir le doute.
Le chef d'état-major des armées françaises a accusé les islamistes somaliens de pratiquer la "manipulation médiatique" en annonçant leur décision d'exécuter leur otage.
La Syrie critique l'intervention au Mali
Les autorités syriennes ont critiqué mercredi les pays occidentaux, les accusant de se dire prêts à combattre le terrorisme quand il s'agit du Mali mais de le soutenir quand il s'agit de la Syrie.
Dans un courrier adressé mercredi au Conseil de sécurité de l'ONU et au secrétaire général Ban Ki-moon, le ministère s'en prend à ces pays qui "font fi des souffrances du peuple syrien, des milliers de martyrs et des destructions occasionnées par ces terroristes".